Rapport de la commission Sauvé : faut-il lever le secret de la confession ?
Après la publication du rapport sur les violences sexuelles dans l'Eglise, des voix s'èlèvent pour que le secret de la confession soit levé.
Le rapport de la Commission Sauvé continue de bouleverser les esprits et à susciter des débats, notamment sur le secret de la confession. Un prêtre qui apprend en confession qu’un enfant est violenté doit-il garder le secret ou au contraire le lever, pour que l’enfant puisse être protégé ? Qu'est ce que ce secret représente, pour les victimes, comme pour les agresseurs ?
franceinfo : qu'implique le secret de la confession ?
Claude Halmos. Le secret de la confession est assimilé en France, par la jurisprudence, au secret professionnel, qui s’applique aux médecins et aux avocats, et qui permet que les personnes qui les consultent puissent leur faire confiance. Cet argument est donc très logiquement invoqué par ceux qui s’opposent, dans l’Église, à la levée du secret de la confession.
Dans quel cas le secret de la confession peut -il être levé ?
La loi oblige aujourd’hui les soignants à lever le secret professionnel si ce qu’ils apprennent concerne la mise en danger de mineurs de 15 ans, ou de personnes vulnérables. Et c’est essentiel pour que ce secret ne serve pas à couvrir des crimes. C’est à dire ne devienne pas l’équivalent de celui que leurs auteurs exigent toujours - par le chantage affectif ou par la menace - de leurs victimes. Mais c’est important aussi pour les victimes.
Si un soignant apprend par un enfant, qu’il est victime, et ne fait rien, l’enfant se retrouve, comme lors des agressions, sans protection, dans une totale impuissance, et avec, de ce fait, une vision désespérante du monde, que l’on retrouve, chez des adolescents qui vont très mal…Et si l’enfant parle à un prêtre, et que rien ne se passe, c’est peut -être encore pire. Parce que le prêtre étant, dans la confession, un intermédiaire par rapport à Dieu, l’enfant peut penser que Dieu lui-même ne peut rien contre les agresseurs. Alors que si le soignant, ou le prêtre expliquent à l’enfant qu’il est victime d’un crime, qu’il doit être protégé, et son agresseur puni, ils témoignent d’un monde civilisé où la loi et les adultes le protègent ; et c’est un point d’appui pour sa reconstruction.
Le secret de la confession n’est-il pas important pour des pédophiles qui voudraient changer ?
S’ils voulaient changer, ils comprendraient la levée du secret. Mais ce que la pratique apprend c’est que, si des pédophiles parlent, c’est en général soit pour prévenir d’éventuels ennuis, en jouant la bonne volonté, et en mettant en scène une souffrance destinée à faire oublier celle des victimes. Soit, pire encore, parce que mettre, en toute impunité, un prêtre ou un médecin en position de spectateurs impuissants d’horreurs que, tenus au secret, ils ne peuvent pas dénoncer, est pour eux la source d’une jouissance supplémentaire.
C’est difficile à entendre, mais essentiel pour comprendre que les pervers ne sont pas, comme on le croit trop souvent, des "fous" : ils savent parfaitement ce qu’ils font. Et pour prendre la mesure de l’horreur dans laquelle sont toujours plongées leurs victimes.
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