Que faut-il penser de la connexion à notre sommeil ?
Le docteur Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin évoque ici le sommeil et particulièrement les objets connectés qui permettent de l’analyser.
franceinfo : Une étude sur le sujet vient tout juste d’être publiée ?
Martin Ducret : Oui, dans la revue Sleep Health, dans laquelle les chercheurs ont comparé la fiabilité de 6 objets connectés qui permettent une analyse du sommeil - quatre montres, une bague et un bandeau connecté - par rapport à l’outil de référence médical : la polysomnographie. Cet examen est réalisé en général à l'hôpital, et il permet l’enregistrement du sommeil grâce à différents capteurs : cérébral, oculaire, musculaire, cardiaque et respiratoire.
Que révèle cette étude ?
Tout d’abord que les objets connectés étudiés ne sont pas de simples gadgets, ils permettent de mesurer certains paramètres du sommeil de manière fiable. Ensuite, pour le professeur Pierre Geoffroy, psychiatre au centre ChronoS au GHU Paris et à l'hôpital Bichat, "cette étude fixe des cadres d'utilisation, validés scientifiquement, pour des objets accessibles à la vente au grand public ; elle permet de hiérarchiser ces différents outils en fonction de leurs technologies."
Par exemple, dans l’étude, les 2 montres connectées bon marché (autour de 100 euros) des marques Xiaomi et Axtro - avec dans leur boîtier un accéléromètre (c’est-à-dire un capteur qui mesure les mouvements) - sont uniquement fiables pour déterminer les phases de veille et de sommeil. Alors que le bandeau connecté, le Dreem 3 - plus cher (autour de 500 euros) et plus élaboré puisqu’il intègre un électroencéphalogramme (c’est-à-dire des capteurs mesurant l'activité du cerveau) - permet de mesurer les différents stades du sommeil : lent léger, lent profond et paradoxal. Donc, plus l’objet connecté possède une technologie avancée, plus il est en mesure d’analyser le sommeil avec précision.
Mais avec autant d'efficacité que la polysomnographie, l’examen médical de référence ?
Non, et c’est la limite de ces objets connectés, aussi sophistiqués soient-ils. D'ailleurs dans cette étude, ils ont été étudiés uniquement chez des sujets dits sains, c'est-à-dire sans maladie. Pour l’instant, ces objets n’ont pas de fiabilité prouvée chez les patients souffrants de troubles du sommeil, comme l’insomnie ou l’apnée du sommeil par exemple. Ils sont donc destinés aux personnes désireuses de connaître ou d’améliorer leur qualité de sommeil. Alors en cas de troubles qui vous empêchent de bien dormir, ne vous ruez pas sur les plateformes de vente en ligne, allez plutôt consulter un médecin !
Pour aller plus loin : des infos sur sciencedirect.com (en anglais).
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