C'est mon boulot. Balance ta start-up, le compte qui dénonce les conditions de travail dans les jeunes pousses
C'est un compte Instagram qui a un succès fou. Plus de 180 000 abonnés. Balance ta start-up n'a que deux mois et le compte accumule les dénonciations de salariés maltraités par ces jeunes pousses.
180 000 abonnés en deux mois, mais surtout 1 400 témoignages dénonçant les pratiques de quelque 150 start-up. Et la liste s'allonge tous les jours. Le slogan de Balance ta start up, c'est : "Parce que le babyfoot c'est cool, mais le droit du travail, c'est encore mieux". Les salariés – ou ex salariés – dénoncent le harcèlement, les humiliations, le sexisme, les horaires à rallonge, les heures de travail non payées, les discriminations à l'embauche, le chantage affectif. En un mot les conditions de travail très dures, voire carrément illégales, dans un monde qui se veut le modèle du cool.
Plusieurs start-up ont été particulièrement visées. C'est par exemple l'agence de recrutement digitale Iziwork, qui a accumulé les témoignages récemment. Une ancienne employée dénonce dans Ouest-France des dirigeants qui peuvent écrire des emails assassins, vous engueuler devant tout le monde, vous regarder de travers si on part à 18 heures, appeler les week-ends, envoyer des messages à 23 heures. Une autre start-up, Stella&Suzie, dans le monde de la mode, est dénoncée pour les pratiques de sa dirigeante. Sur le compte de Balance ta start-up on peut lire qu'elle s'acharne sur sa cible par des cris, des injures jusqu'à la pousser à bout et la faire pleurer.
Des dénonciations risquées pour les salariés
Comment réagissent les entreprises pointées du doigt ? Diversement. La dirigeante de Stella&Suzie a présenté ses excuses sur le réseau social. Elle dit avoir embauché une juriste et vouloir devenir en 2021 une start-up exemplaire en droit social. Iziwork, en revanche, a entamé une procédure judiciaire, même si elle affirme avoir mis en place un dispositif d'écoute pour mettre en oeuvre des réponses appropriées au plus vite.
Ce genre de dénonciation n'est-elle pas risquée pour les salariés ? Un employé est tenu par une obligation de loyauté vis-à-vis de son employeur. Sa parole est libre, mais si ses propos sont considérés comme "injurieux, diffamatoires ou excessifs", il peut être licencié pour faute grave, voire faute lourde si on peut prouver son intention de nuire. Il faut donc s'en tenir à des faits, que l'on est capable de prouver.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.