Confinement : encore des freins au télétravail en France
Alors que le chef de l'Etat encourage le télétravail pour endiguer la propagation du coronavirus, cette réorganisation du travail n'a pas que des supporters. Après le premier confinement, beaucoup d'entreprises ont d'ailleurs rappelé les télétravailleurs dès le mois de septembre.
Le chef de l'État veut donc voir le télétravail se généraliser dans toutes les entreprises qui le peuvent ! Pourtant, si cette formule a été massivement adoptée au printemps dernier, elle a connu un net recul à la rentrée. Et, pour commencer, il ne s'applique pas à la majorité des travailleurs français. Une majorité d'actif, 60% d'entre eux, ne peuvent pas passer au télétravail parce que leur présence est indispensable sur leur lieu de travail. Selon les chiffres fournis par le ministère du Travail, sur les 26 millions d'actifs français, seuls un peu plus de huit millions peuvent travailler à distance. Soit un peu plus d'un tiers. Le tiers des travailleurs, on ne l'a d'ailleurs pas atteint pendant le confinement du printemps, où 27% "seulement" des salariés étaient passés en télétravail. Depuis, la marée est redescendue. Dès que les entreprises ont pu faire revenir leurs salariés, elles l'ont fait. Toujours selon les chiffres officiels, en septembre, les télétravailleurs n'étaient plus que 12% du total. 70% d'entre eux ayant été invités par leur employeur à regagner leur bureau, leur magasin ou leur atelier.
On n'aime pas trop le télétravail en France
Dans une étude menée sur six pays par la messagerie Slack, les Français sont les plus nombreux à vouloir retourner au bureau. Ce sont les Américains qui sont les plus friands du travail à distance. Pour le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, le télétravail "n'est pas l'alpha et l'oméga". S'il passe désormais plutôt bien dans les grandes entreprises, qui avaient largement entamé cette réflexion depuis les ordonnances travail de 2017, depuis les grèves des transports et le mouvement des "gilets Jaunes", il passe encore mal dans les TPE et les PME où beaucoup passent par les échanges informels en petits groupes. Une étude menée par la CPME montre clairement la méfiance des petits patrons à l'égard du télétravail : 80% d'entre eux estiment qu'il limite la cohésion d'équipe et qu'il augmente le risque d'isolement.
Le flou persiste encore autour du télétravail
Il manque clairement un cadre. Laurent Berger, le leader de la CFDT demande "rapidement des règles". Il faut dire que les ordonnances travail de 2017, qui étaient censée lui donner un coup de pouce n'ont rien réglé. Elle donne au salarié un droit au télétravail, tout en s'empressant de préciser que l'employeur peut le refuser à condition qu'il motive sa décision. Le futur accord interprofessionnel, sur lequel planche depuis des mois les partenaires sociaux, va devoir clarifier tout ça.
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