Les entreprises fouinent sur Facebook pour savoir qui sont leurs candidats
Le gouvernement se penche sur les discriminations au travail. Et notamment à l'embauche. Le CV anonyme va peut-être reprendre du poil de la bête. On verra ça en février, quand le groupe de travail aura rendu ses conclusions. D'ici là, la discrimination à l’embauche prend des formes surprenantes. Trois chercheurs de l'Université Paris Sud viennent de montrer que Facebook jouait un grand rôle dans ces freins au recrutement.
Leur recherche a duré un an
Ils ont envoyé 837 candidatures. Sous quatre noms différents et fictifs : Stéphane Marcueil, Thomas Marvaux, Julien Bautrant, Nicolas Bautrant. Tous quatre avaient exactement les mêmes diplômes, la même lettre de motivation, la même expérience, la même adresse dans le quinzième arrondissement de Paris. Ils postulaient aux mêmes places de comptables dans la région parisienne.
Une seule différence les séparaient et il fallait aller la chercher sur leur profil Facebook : deux étaient nés à Brive-la-Gaillarde et ils pratiquaient l'italien. Les deux autres étaient nés à Marrakech et savaient parler arabe.
Les résultats sont spectaculaires
Vingt et pour cent de réponses à la candidature pour ceux qui ont indiqué sur Facebook qu’ils étaient Brivistes. Treize pour cent seulement pour ceux qui affichent qu’ils sont nés au Maroc. Une fois et demi moins.
Ce qui prouve deux choses. D’abord que les candidats d’origine étrangère connaissent, à compétences égales, une discrimination à l’emploi. Mais ça, toutes les études l’ont déjà bien établi... Ce que ce "testing" prouve surtout, c'est que le profil Facebook fait désormais partie intégrante du dossier de candidature. Le CV classique ne suffit plus, les réseaux professionnels comme Linkedin ou Viadéo non plus. Même si vous ne mettez pas en évidence certaines informations, dont vous pensez qu'elles peuvent vous desservir, les recruteurs iront les chercher sur le réseau social.
Récemment, le site d’emploi careerbuilder.fr avait interrogé les DRH et les recruteurs sur leurs pratiques. Un tiers d’entre eux reconnaissaient qu’ils avaient déjà écarté des candidats après avoir été se renseigner sur les réseaux sociaux. Essentiellement sur Facebook. Dans l’ordre, ce qui les avait poussé à ne pas retenir une personne était : des photos ou des informations jugées « choquantes » ou déplacées ; des traces de beuveries ou de consommation de drogue ; et aussi la preuve que le candidat ne s’exprime pas correctement.
Tout prouve que le profil Facebook et d’une manière générale «l’identité numérique », agissent désormais comme une source d’informations négatives. Des éléments qui ne vont peut-être pas vous permettre de trouver du travail, mais qui peuvent vous faire passer à côté d'un boulot.
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