Les gros défis de l'industrie pour recruter
Les besoins dans l'industrie sont immenses. Plus de 3 millions de salariés travaillent dans ce secteur. Près d'1 million va partir en retraite d'ici 2030, alors que les grands projets s'accumulent dans le nucléaire, l'hydrogène ou la transition énergétique. Les intentions d'embauches ne cessent d'augmenter.
Cette année, le nombre de projets s'élève à 280.000, mais les deux tiers sont jugés problématiques. En résumé, les entreprises s'arrachent les cheveux.
franceinfo : Suffisamment de personnes sont-elles formées ?
Sarah Lemoine : Oui, et c'est tout le paradoxe selon un rapport conjoint de l’Inspection générale de l’administration (Igas), des finances (Igf) et de l’Education, du sport et de la jeunesse (IGESR) publié cette semaine. Sur le papier, le nombre de personnes formées, pour occuper un métier dans l'industrie, est censé couvrir les besoins en recrutement. Il est même largement supérieur.
Si on regarde les chiffres, près de 288.000 élèves et étudiants étaient en dernière année d'une formation liée aux métiers industriels en 2022. La même année, 108.000 chômeurs avaient débuté une formation industrielle. C'est deux fois plus qu'il y a 7 ans. Et pourtant, les difficultés de recrutement continuent d'augmenter.
Un phénomène d’évaporation ?
Une fois leur diplôme en poche, une partie des jeunes formés aux métiers de l'industrie disparaît dans la nature. Ce phénomène d'évaporation est très important chez les CAP, les BEP, les BAC PRO, et les BTS.
Ce que montre le rapport, c'est qu'un an après la fin de leur formation, parmi ceux qui travaillent, seule la moitié est dans l'industrie. Les autres sont partis dans un autre secteur. C'est le cas aussi pour les chômeurs sortis de formation. Plus de la moitié d'entre eux partent dans la construction.
Le rapport fait de nombreuses recommandations...
La première, c’est de mieux cibler les aides à l'apprentissage sur les CAP, les BAC PRO, et les BTS, qui forment les ouvriers et techniciens, là où sont les tensions. Ensuite, l'industrie souffre toujours d'une mauvaise image auprès des jeunes, et elle doit faire des campagnes beaucoup plus concrètes sur les métiers, dans les lycées et les collègues, au moment de l'orientation.
Le rapport propose également de s’inspirer de la Corée du Sud, qui sensibilise les enfants dès l'école primaire, avec des jeux de construction. Par exemple, construire un pont ou une éolienne, en équipes, en impliquant les filles comme les garçons.
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