Les Pigeons, les Moineaux, etc. : de nouvelles voix dans le monde du travail
L’histoire commence en octobre 2012. En quelques jours, une poignée d’entrepreneurs de la net économie lèvent un vent de fronde. Leur arme, les réseaux sociaux, sur lesquels ils récoltent des milliers de soutiens. Leur combat : une mesure, la taxation des plus-values lors d’une vente d’entreprise. C’est technique, mais selon eux, ça va tuer dans l’oeuf l’esprit d’entreprise en France. Et ça empêcherait d’éclore les fameuses start-ups du numérique dont la France est si fière. lls sont six au départ, à se pencher sur le nid des Pigeons. Ils obtiendront l’abandon de la mesure, mais aussi la tenue d’Assises de l’entrepreneuriat ou plusieurs de leurs propositions seront reprises.
Cette victoire des Pigeons a donné naissance à un véritable bestiaire
Dans la foulée, on a vu apparaître les Moineaux, qui ont voulu défendre les entrepreneurs débutants. Les Poussins, qui ont réussi à faire modifier la réforme du régime de l’auto-entrepreneur. Les Moutons, qui ont attiré l’attention sur les dysfonctionnements du régime social des indépendants, le RSI - depuis une réforme est en cours. On peut aussi citer les Tondus, les Plumés, les Dupés, les Corbeaux, les Canaris. A chaque fois des mouvements, des collectifs indépendants, qui contournent les canaux traditionnels, à savoir les syndicats patronaux. Une nouvelle façon de faire de la politique, non sans rappeler le mouvement des Bonnets Rouges, qui a fini par avoir la peau de l’écotaxe.
Ces mouvements ont été des succès et des échecs à la fois
Des succès parce que certains d’entre eux, comme les Pigeons, les Poussins ou les Moutons, ont soit réussi à faire changer la loi, soit attiré l’attention sur un problème qu’ils rencontraient. Et des échecs parce, d’après Denis Jacquet, l’un des fondateurs des Pigeons, ils n’ont pas abouti à un mouvement plus concerté. "On a été naïfs " reconnait cet entrepreneur, "On a cru que parce qu’on passait à la télé ou sur les radios, on allait changer le monde ». Ces mouvements ont libéré la parole, ils ont cassé l’auto-censure de ceux qui se disaient qu’on ne pouvait "rien y faire", mais ils n’ont pas permis de donner naissance à un "syndicalisme 3.0", pour reprendre l’expression de Denis Jacquet, à une nouvelle force dans le paysage politique français. Ils ont parfois gagné parce qu’ils avaient de revendications très précises, mais ils aussi aussi perdu pour la même raiso parce que leurs revendications étaient trop limitées.
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