"On se demande toujours comment utiliser l'IA générative, mais la première question, c'est pourquoi ?" estime une DRH

Tout l'été, on interroge des salariés, des fonctionnaires, des indépendants, des chefs d'entreprise sur leur rapport aux intelligences artificielles génératives. Comment les utilisent-ils, comment modifient-elles leur pratique professionnelle ? Aujourd'hui, Mathilde Le Coz, directrice des ressources humaines.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
"Les gens disent que c'est génial, mais ce n'est pas instinctif pour tout le monde de savoir ce que peut l'IA peut faire à notre place" souligne Mathilde le Coz, DRH chez Mazars. (Illustration) (ISSARAWAT TATTONG / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Mathilde le Coz a été recrutée il y a 20 ans chez Mazars, un cabinet d'audit, d'expertise et de conseil financier qui emploie 5.000 personnes en France. Après un début de carrière en tant que commissaire aux comptes, elle a finalement rejoint le service des ressources humaines, qu'elle dirige depuis maintenant trois ans, parce qu'elle "adore les gens", dit-elle, et qu'elle a "une appétence pour cela".

Chez Mazars, affirme Mathilde le Coz, l'intelligence artificielle générative est au stade de l'expérimentation.

"L'enjeu, ce n'est pas de se demander si on y va ou si on n’y va pas. On y va ! L'objectif de cette expérimentation, c'est de lister très clairement l'ensemble des gestes métiers qu'on va faire faire à l'IA, et plus à nos équipes, lesquels sont pertinents. Donc moi, j'attends une liste de tâches, où mes équipes vont me dire ce qui marche ou pas..."

Mathilde le Coz

Directrice des ressources humaines chez Mazars

"Après, on va pouvoir donner des consignes aux équipes, pour les encourager à changer leur mode opératoire sur certaines tâches, à travailler avec l'IA générative ou non. Parce que les gens disent que c'est génial, mais ce n'est pas instinctif pour tout le monde de savoir ce que peut l'IA peut faire à notre place", ajoute Mathilde le Coz.

Dans ce cabinet d'audit, en matière de ressources humaines, des tâches ont déjà été identifiées

 "Il y en a dans la partie administrative, par exemple pour rédiger des accords d'entreprise, des accords-cadres, une charte de télétravail, précise Mathilde le Coz. L'IA générative va nous aider, non pas à l'écrire intégralement à notre place, mais je vais pouvoir lui demander un pré-modèle, pour ne pas partir d'une feuille blanche. On a identifié d'autres cas d'usage, en recrutement, en gestion de talents, pour être beaucoup plus efficient et perdre moins de temps".

Un outil supplémentaire au service des équipes

Quelle est la quantité de travail produite par les IA génératives ? Quels sont les gains de productivité pour les équipes qui les utilisent ? C'est ce que doit déterminer l'expérimentation menée chez Mazars. Mais pour quelle finalité, s'interroge la DRH du groupe ?

"C'est vrai que l'on s'interroge beaucoup sur la façon d'utiliser l'IA, mais pour moi, la première question, c'est pourquoi ? Pourquoi est ce que je veux que mes équipes soient plus productives ? Est-ce pour aller plus vite ? Est-ce pour embaucher moins demain ? Nous en avons parlé dans l'équipe : l'aide à l'IA générative, souligne la DRH, on se dit qu'elle va nous faire économiser du temps sur des tâches rébarbatives, et que ce temps-là, on pourra l'utiliser pour un meilleur confort. On travaille beaucoup parfois, et j'aimerais bien que mes équipes travaillent un peu moins."

"L'objectif numéro deux, c'est d'aller sur des tâches à forte valeur ajoutée. Si les recruteurs passent moins de temps à écrire les fiches de poste ou les offres d'emploi, ils pourront passer plus de temps avec les candidats, leur faire visiter nos locaux, prendre un café avec eux. On peut toujours être plus productif, mais il faut savoir pourquoi."

Mathilde le Coz


Mathilde le Coz définit aujourd'hui l'IA générative comme un outil supplémentaire au service de ses équipes. L'important, dit-elle, c'est d'y aller de façon calme et réfléchie.

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