Quand un cabinet de conseil recrute des seniors au chômage

Alors que syndicats et patronat sont invités à négocier sur l’emploi des seniors, des entreprises commencent à modifier leur comportement, par volonté, pragmatisme, ou les deux à la fois. Exemple dans le milieu du conseil.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les seniors apportent une forme de sérénité et de recul, face à ces jeunes qui débutent leur carrière professionnelle. (COMPASSIONATE EYE FOUNDATION/STE / DIGITAL VISION / GETTY IMAGES)

Dans le secteur du conseil, on n’a pas trop de problèmes avec la pyramide des âges. Les jeunes sont omniprésents, embauchés en masse, à la sortie des grandes écoles. Chez Eurogroup Consulting, par exemple, sur 400 salariés, la moyenne est de 33 ans. Rien de surprenant, donc, sauf que récemment, ce cabinet de conseil en stratégie a viré sa cuti. Il recrute désormais des débutants seniors, en emploi ou au chômage.

Un changement motivé par deux événements

Un travail sur la diversité a convaincu en interne qu’il fallait élargir les profils, sans discrimination d’âge, raconte la directrice générale Claudia Montero. En parallèle, il y a eu des difficultés de recrutement post crise sanitaire. Depuis, le turn-over est constant, les collaborateurs restent en moyenne deux ans, contre trois-quatre auparavant. Cela a servi de détonateur.

Six seniors recrutés depuis mai

Ils ont entre 43 et 60 ans, la plupart dans la cinquantaine. Tous étaient au chômage, certains depuis près deux ans. Ils n’ont jamais travaillé dans le conseil, ils viennent des ressources humaines, de l’intelligence économique ou de l’automobile.

Les candidatures ont été sélectionnées par deux associations, l’Apec et Forces Femmes. Seuls critères exigés : un français fluide à l’oral et à l’écrit, une maîtrise basique des outils informatiques, des compétences liées à l’expérience, et une grosse motivation. Ils ont été recrutés après un test d’une semaine en immersion. Salaire : 50.000 euros brut par an, soit la moyenne des salaires des débutants.

Tout le monde a été sensibilisé en interne

L’effet intergénérationnel joue à plein, affirme Antoine Dezalay Joly, le DRH d’Eurogroup consulting. Des jeunes de 24 ans servent de mentor ou de parrain, à ces débutants seniors dans la découverte du cabinet.

Les seniors apportent, eux, une forme de sérénité et de recul, face à ces jeunes qui débutent leur carrière professionnelle. "Ça fait bouger aussi les clients, ils changent de posture, explique Claudia Montero, c’est un miroir d’eux-mêmes, ça les interpelle." 

Une nouvelle session de recrutement aura lieu au premier trimestre 2024. Le cabinet de conseil réfléchit à ouvrir le processus à des seniors non-cadres, à des contremaîtres d’usine, par exemple.

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