Recrutement : un algorithme pour analyser la voix et le visage des candidats
La start-up française Easyrecrue a mis au point, notamment avec le CNRS, un outil d'intelligence artificielle qui analyse le ton, le discours et le comportement des candidats à l'embauche.
Serez-vous sélectionné pour votre prochain job par un algorithme qui analysera votre discours, votre façon de parler et même les expressions de votre visage ? La réponse est : oui, et la technologie existe déjà. Elle vient d'être lancée par une start-up française, Easyrecrue. Elle est unique en Europe. Un robot qui lit sur votre visage, qui décrypte vos mimiques, qui analyse le ton de votre voix, son intensité, ses graves, ses aigües, le rythme de votre parole ; qui, bien sûr, enregistre tout ce que vous dites, analyse votre discours, et qui en déduit si vous pouvez faire l'affaire pour votre prochain poste. Ça vient tout juste d'être lancé sur le marché par une start-up française née il y a cinq ans, pionnière en Europe et qui n'a qu'un concurrent, aux Etats-Unis. Easyrecrue compte déjà 70% du CAC40 parmi ses clients. Et elle compte bien aller encore plus loin avec cette aide au recrutement basée sur l'intelligence artificielle.
"Débiaiser" les processus de recrutement
Un protocole permet une bonne analyse du candidat. Il y a d'abord un recruteur qui définit une grille de questions pour un poste qu'il doit pourvoir. Les candidats, eux, vont répondre aux questions et se filmer. C'est cette vidéo qui va être décortiquée par l'intelligence artificielle. Un algorithme qu'il a fallu deux ans pour mettre au point par un comité scientifique de chercheurs du CNRS, de Telecom ParisTech et de CentraleSupélec. Ils ont analysé 9 000 vidéos.
Résultat, l'algorithme est capable de détecter chez certains candidats les qualités attendues pour un poste. Confirmation de Mickaël Cabrol, le fondateur d'Easyrecrue : "On va pas être capable de dire, si un candidat parle fort ou doucement, que c'est un bon ou un mauvais candidat. Par contre, on a analysé des milliers de vidéos et on s'est rendus compte que pour un certain type de jobs, les candidats avaient tendance à s'exprimer de telle ou telle manière".
Évidemment, on se dit que l'algorithme ne va faire que reconnaître chez les candidats les traits présents chez ceux qui sont déjà en place. En un mot, que les entreprises ne vont recruter qu'une armée de clones ! Le dirigeant de la start-up n'est évidemment pas d'accord : "Notre point de vue, c'est tout l'inverse. Notre outil permet de 'débiaiser' les processus de recrutement. Sur les premiers tests qu'on a fait avec nos clients, on s'est aperçus qu'ils ont identifié des candidats qu'ils n'auraient pas reçus en temps normal, notamment des clients qui ne recrutent que dans un certain type d'école". La présentation vidéo permettrait de dépasser l'étape du CV, ouvrirait le recrutement. Et ce encore plus avec l'intelligence artificielle par-dessus. Pendant la phase de mise au point de cet algorithme, en tout cas, les chercheurs se sont aperçus que dans 70% des cas les recruteurs et la machine tombaient d'accord.
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