Sexisme, discriminations : la dure réalité de la profession d'avocate
Un rapport du Défenseur des droits, publié mercredi, indique que les inégalités entre les hommes avocats et les femmes avocates y sont plus marquées que dans le reste de la population active.
Avocat, une profession sexiste ? C'est en tout cas ce que dit un rapport du Défenseur des droits, publié mercredi 2 mai. Les inégalités entre les hommes et les femmes y sont plus marquées que dans le reste de la population active.
Plus d'une avocate sur deux : 53% des femmes dans cette profession ont été confrontées à une discrimination au cours de ces cinq dernières années. C'est bien plus que dans le reste de la population active. Sept points de plus. Et c'est bien plus que les hommes avocats. Ils ne sont qu'environ un sur cinq à connaître la discrimination. La profession a beau être de plus en plus jeune et féminisée, elle connait, plus que la moyenne, les discriminations, le sexisme, les inégalités salariales et les vexations. C'est ce qui ressort de l'enquête menée par le Défenseur des droits à la demande de la Fédération nationale des unions de jeunes avocats, inquiète pour le sort de ses membres. Plus de 7 000 questionnaires ont été épluchés. Sur les 65 000 avocats que compte la France. Une très bonne photographie, donc, de la situation. Une photographie plutôt sombre.
Des discriminations salariales, notamment
On sait que dans la population active, il y a un écart d'un peu plus de 20%. Mais là, les femmes avocates ont une fois et demi plus de chances que les hommes d'être dans la tranche de revenus la plus basse. Notamment parce que les femmes sont moins présentes dans les spécialités les plus rentables. Le droit des affaires, le droit international. Et plus souvent présentes dans le droit de la famille et le droit du travail, moins rémunérateurs. Les femmes en général sont plus nombreuses dans les métiers dits du "care", du soin au sens large. Ceux qui paient le moins. La règle vaut donc aussi au sein de la profession d'avocat.
Il y a aussi le sexisme
Le Défenseur des droits écrit que les avocates sont plus souvent que leurs confrères masculins les témoins de blagues ou de propos sexistes. Seulement une femme sur cinq dit que ces actes sont rares dans la profession. Le temps partiel passe mal, également : il concerne deux fois plus souvent les femmes que les hommes. Avec à la clé des remarques désobligeantes. Une avocate sur deux a entendu des propos qui laissent entendre que les autres font tout le travail à leur place. Ou qu'elles ne peuvent pas tout avoir, la rémunération et la famille. Etonnamment, face aux discriminations ou au sexisme, les avocates ne font rien ou se contentent d'en parler à des amis ou à des confrères. Comme si, encore une fois, les cordonniers étaient les plus mal chaussés.
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