Travail : les heures supplémentaires sont-elles forcément synonymes de stress ou de pression managériale ?
Travailler trop est mauvais pour la santé. Mais qu’en est-il si c’est le salarié lui-même qui choisit, par goût ou par intérêt, de faire de longues heures supplémentaires ? Deux chercheuses se sont penchées sur cette question.
Il n’y a pas de doute, l’excès de travail nuit à la santé. L’Organisation internationale du travail vient encore de le démontrer récemment. Travailler plus de 55 heures par semaine, c’est 35% de risques en plus de subir un accident vasculaire cérébral (AVC) et 17% de risques en plus de mourir d’un accident cardiaque par rapport à quelqu’un qui ne fait que 35 ou 40 heures par semaine.
Pour autant, tout le monde ne doit pas être mis dans le même panier. Il y a de nombreux salariés qui choisissent de travailler beaucoup. Pour eux, la situation n’est pas la même. C’est ce que viennent de démontrer deux chercheuses.Toutes deux travaillent à l’école de commerce ESCP, l’une sur le campus de Londres, l’autre à Madrid. Et elles ont étudié une population bien particulière : les 500 employés d’un grand cabinet de conseil international. Leurs conclusions sont publiées dans L’Express. Dans cette société, comme dans de plus en plus d’autres, selon les auteurs de cette étude, il est de mise de rester très tard au bureau. Mais tous ne le font pas pour la même raison, et c’est là que se fait toute la différence.
Préserver, ou pas, son bien-être
Les chercheuses ont identifié un groupe qui faisait de longues heures pour des raisons qu’elles ont appelées "extrinsèques", extérieures. Ils sont à la recherche de récompenses financières, d’éloges, ou répondent tout simplement à la pression. Ils peuvent aussi avoir peur du licenciement ou devoir facturer de nombreuses heures. Les membres de ce groupe, écrivent les chercheuses, sont plus susceptibles de connaître des problèmes tels que le stress ou la dépression.
Ce qui n’est pas le cas des travailleurs volontaires. Ceux-là travaillent beaucoup pour des raisons intrinsèques. Ils ont envie d’apprendre, ont du plaisir à apprendre, ils veulent développer leurs connaissances et acquérir des compétences. Ils peuvent aussi multiplier les heures dans un souci d’engagement envers leurs collègues ou leur organisation. Chez ceux-là, ont observé les deux chercheuses, le bien-être est préservé. Pas de stress ni de dépression. Pas de conséquences néfastes sur la santé. De quoi rassurer les gros bosseurs : si le travail est une passion, on peut en abuser sans danger pour la santé.
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