Cet article date de plus de huit ans.

Le temps des cerises, c'est fini ?

1,2,3, nous irons au bois. Mais 4,5,6, on ne cueillera peut-être pas de cerises cette année. Les professionnels redoutent une pénurie parce que la France interdit l'utilisation d’un insecticide. Toute l'Europe pourrait en faire de même. On attend la réponse de Bruxelles d'une heure à l'autre. Mais au-delà de la procédure, il y a une vraie question de santé.
Article rédigé par Dominique Loriou
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Mangera-t-on des cerises cette année ? © MaxPPP)

Ça fait longtemps qu’on a de sérieux doutes sur cet insecticide, le Diméthoate. Avant 2012, déjà, le Canada s'en est inquiété. En France, l’Anses -notre agence de sécurité des aliments- a voulu en avoir le coeur net. En 2013, l’Europe, à son tour, s’en est préoccupé. Et puis l’an dernier, c'est Paris qui a refermé le dossier. Conclusion sans appel : trop dangereux pour l’homme et les animaux, pour le système nerveux central et pour le sang. Depuis le 1er février, les arboriculteurs n’ont plus l’autorisation de traiter leurs cerisiers avec cet insecticide.

Clafoutis à quoi, alors ?

Le Diméthoate, avec tous ses défauts, est l’ange gardien de nos cerises. Il n’a pas son pareil pour éliminer un petit ver qui a la très fâcheuse manie de grossir à l’intérieur des cerises, dès qu’elles commencent à être mures évidemment, c’est meilleur. Tout particulièrement cette année. L’hiver doux a profité aux mouches qui pondent ces fameuses larves. D’ordinaire, les professionnels traitent leurs cerisiers début avril. Ils produisent 35 000 tonnes de cerises chaque année. Et on en importe à peu près autant, d’Espagne et de Turquie principalement.

Les abeilles n'ont pas cette chance

Les quelque 20 000 arboriculteurs ont demandé un délai, pour pouvoir utiliser encore un peu de Diméthoate. Ils ne veulent pas être les seuls pénalisés, et qu’on importe sous leur nez des fruits traités par cette chimie. Qu’à cela ne tienne. La France a dégainé une procédure d’urgence. On n’est pas toujours aussi rapide. Par exemple, pour sauver les abeilles, on attendra 2018.

Il y a quelques jours, le gouvernement a demandé l’interdiction immédiate de ce produit dans toute l’Union européenne, et sur tous les fruits et légumes. La commission européenne avait 7 jours pour répondre. On y est, la réponse va tomber. La France annonce déjà qu’elle n’hésitera pas à déclencher une clause de sauvegarde nationale. C’est rarissime, et cela permet d’interdire la vente de cerises traitées au Diméthoate, d’où qu’elles viennent.

Bientôt 50 euros le kilo ?

Le risque, bien sûr, c’est une envolée des prix. On évoque une cerise à 50 euros le kilo. Il ne faut pas s’emballer. Mais oui, il faudra bien payer les solutions de remplacement. Elles existent, mais elles sont plus coûteuses. Tout ça pour que revienne le temps des cerises !

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.