Haro sur la Nupes : la stratégie de communication de la majorité présidentielle
En allant galvaniser ses troupes à Aubervilliers avant la bataille des législatives, Emmanuel Macron a lancé l'offensive de communication contre la Nupes. Objectif : décrédibiliser la tentative de jean-Luc Mélenchon qui se pose en premier ministrable.
C'est exactement ce qu'Emmanuel Macron a fait à Aubervilliers en clôture de la journée de formation des nouveaux candidats de la majorité présidentielle pour les législatives. Il a désigné et nommé l'ennemi du futur scrutin : Jean-Luc Mélenchon. Le tout s'est fait à huis-clos bien sûr, mais dès le lendemain dans les médias, les élements de langage donnés par le président étaient en place. L'analyse de Gaspard Gantzer.
Savez-vous ce qu'Emmanuel Macron a dit aux candidats députés et plus généralement comment les éléments de langage sont mis en place ?
Gaspard Gantzer : Emmanuel Macron a diffusé à l’ensemble de ses députés des éléments de langage. Il s’est comporté comme un chef de majorité, un coach presque, qui donnait des éléments très précis qu’il fallait répéter après sur les marchés et dans l’ensemble de la campagne des législatives pour lutter contre Jean-Luc Mélenchon et ses candidats.
Est-ce que c’est traditionnellement le rôle du chef de l’Etat d'être le directeur de communication des futurs députés de la majorité ?
Tous les chefs d’Etat successifs et leur entourage vous diront toujours que le chef de l’Etat est au-dessus des partis et des contingences électorales. Mais en pratique, depuis François Mitterrand et le début des années 1980, les présidents de la République ont toujours regardé de très près les élections législatives. Certains se sont investis plus que d'autres, Nicolas Sarkozy par exemple et Emmanuel Macron décide de franchir un nouveau cap car en l'absence de Premier ministre, c'est lui qui dirige la campagne des législatives.
Et le changement de braquet ne pose aucun problème puisqu'entre les deux tours de la présidentielle Emmanuel Macron avait choisi de flatter Jean-Luc Mélenchon en choisissant de reprendre une de ses propositions phares lors de son meeting à Marseille.
La planification écologique était une mesure de Jean-Luc Mélenchon. Quand Emmanuel Macron a-t-il choisi cette stratégie de flatter puis de cibler ?
Dès le soir du premier tour, il a choisi de reprendre les mots du mélenchonisme à défendre de reprendre l'intégralité des propositions parce qu'il sait qu'en communication politique, l'usage des mots et des concepts est fantastiquement efficace pour toucher l'oreille et le coeur des électeurs. Mais dès le soir du deuxième tour, il a décidé d'inverser de logique notamment quand l'union à gauche s'est réalisée, notamment quand il a vu que son adversaire désigné c'était le bloc autour de Jean-Luc Mélenchon. Faire de la communication politique c'est faire de la stratégie, c'est aussi désigner un adversaire.
Est-ce que vous avez en mémoire un changement de position aussi radical à des fins électoralistes?
C'est évidemment extrêmement rare mais dans un autre registre Nicolas Sarkozy a été élu en 2007, il avait d'abord pris comme adversaire la gauche dans la perspective du deuxième tour puis une fois le deuxième tour passé, il avait décidé de procéder à une ouverture et il avait été extrêmement aimable avec la gauche pour la ramener à elle dans la perspective de la présidentielle.
L'offensive d'Emmanuel Macron sur la Nupes pourrait bénéficier d'un coup de pouce venu de son chef même, Jean-Luc Mélenchon, qui en refusant de se représenter aux élections législatives affaiblit son image dans cette séquence politique, en offrant à la majorité présidentielle une occasion de l'affaiblir un peu plus.
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