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Plongée dans les eaux usées avec Cédric, chef égoutier : "Malgré les détecteurs, on est souvent malade"

Tout l’été, franceinfo vous fait découvrir des métiers méconnus à travers la chronique "C'est vraiment ton boulot ?" Jeudi 13 juillet : Cédric est chef égoutier à Lyon.
Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Cédric, chef égoutier à Lyon (BORIS LOUMAGNE / FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Cédric ouvre la bouche d'égout. On descend la petite échelle et c'est parti pour une plongée dans les entrailles de la ville de Lyon. À peu près 50 cm d'eaux usées s'écoulent à nos pieds. Dans la pénombre, Cédric nous désigne son collègue qui progresse à l'avant : "Celui qui est devant passe et nous enlève toutes les toiles d'araignées pour nous faire le passage, pour qu'on puisse tout voir."

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Dératiser, désinsectiser

Beaucoup d'araignées sont à l'œuvre, mais sur les parois, ça grouille également d'autres bestioles. Cédric explique :"Ce sont les blattes. C'est dû au chauffage urbain, vu qu'elles ont chaud, elles se posent dans les réseaux d'assainissement. Et puis elles font leur nid." Ces blattes par milliers, ainsi que les rats, constituent une des missions des égoutiers : dératiser et désinsectiser.

Le reste du temps, Cédric doit faire une inspection globale de l'égout : "On regarde si tous les branchements d'assainissement sont en bon état, si les égouts n'ont pas des grosses fissures sur tout l'ensemble du réseau... Ici, il y a des petites fissures. Pour l'instant, il n'y a pas de problème parce qu'elles sont encore fermées. Des fois, on a des grosses fissures. Si ça fait vraiment des trous, la route, elle va partir dans les égouts."

Trois quarts des interventions dus aux lingettes

Cédric vérifie aussi l'étanchéité des branchements. "Quand l'eau monte, on peut avoir des infiltrations chez les personnes, dit-il en passant la main, mais là, c'est pas mal." On continue la progression et on tombe sur des morceaux de béton au milieu de l'égout. Ils obstruent en partie l'écoulement des eaux usées, alors, Cédric les enlève.

Il retire aussi quelques lingettes : "Ce sont presque nos plus gros problèmes maintenant", précise-t-il, montrant ces tissus jetées aux toilettes, qui représentent près de trois-quarts des interventions de Cédric. "Le problème des lingettes, c'est qu'elles font des gros bouchons et l'eau n'arrive pas à passer."

Régime spécial pour une santé réduite

L'inspection se poursuit et au détour d'une canalisation, des bulles apparaissent à la surface. Cédric montre prudemment : "En fait, c'est la décomposition qui fait du gaz. Et quand on monte dessus, ça sent l'œuf pourri et faut vite dégager, parce que ça peut être mortel." Les gaz, c'est le principal danger dans le métier. Voilà pourquoi les agents sont équipés de masques à oxygène et d'un appareil qui mesure les taux en temps réel.

"De toutes façons souvent, quand notre détecteur sonne, le lendemain, on a des maux de ventre, ça c'est sûr..."

Cédric, chef égoutier

à franceinfo

Malgré leur équipement, les agents sont régulièrement barbouillés, malades. Ils travaillent 30 heures par semaine afin d'éviter d'être trop exposés à ce milieu insalubre, mais ça ne suffit pas. Selon une étude l'INRS, leur espérance de vie est réduite de plusieurs années par rapport à la moyenne des Français.

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