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A l'Assemblée, grosse fatigue

Le projet de loi Travail a été adopté, automatiquement, cet après midi. Manuel Valls a, une fois encore, utilisé le 49-3. Et, une fois encore, les frondeurs ont échoué, leur motion de censure n’a pas recueilli assez de voix.
Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Manuel Valls le 21 juin 2016 à l'Assemblée nationale lors des questions au gouvernement © Nicolas Messyasz/SIPA)

Ambiance fin de saison. À la mi-journée, les pronos allaient bon train. Chacun s’excitait sur son smartphone.

« Ah, on me parle de 50 signatures… qui dit mieux ? 50, 50, j’ai dit 50 ! »

Ce député de gauche s’amuse : «Je sais, je ne suis pas forcement hilarant ! On fait ce qu’on peut.»

Il me fait rire. « Des blagues, pour masquer quelque chose peut-être ? », lui dis-je.

Lui, vissé à son portable : « disons qu’on a vécu des moments un peu plus tranquilles, à l’Assemblée. Moi je dis que cette motion tourne à la farce ! »

Moi : « oui, peut être, mais elle dit des choses cette motion, non ? »

Lui, lassé : « elle dit surtout, qu’elle ne va pas passer… vous allez voir. »

J’ai vu. 14H : dans la salle des Quatres Colonnes, beaucoup de journalistes.

« Alors, les pronos, on en est où ? »

Les pronos

« 54 ».  Ça, c’est un journaliste politique. « Non non, bien plus ! » , rétorque sa voisine. « Mais oui, je sais, je plaisante ! »

Décidément, tout le monde au régolite aujourd’hui. Oui,  j’aime bien ce mot. Comme disait ce député, « on fait ce qu’on peut ».  Ambiance de fin de saison.

14h25. Des caméras sont prêtes. Elles attendent les frondeurs, de pied ferme. Prêtes à cueillir leur rébellion anti loi El Khomri / anti méthodes Valls.

Mais… rien ne se passe. Et rien ne daigne passer devant nous, la presse. Pas de député à l’horizon.

Une atmosphère plus que de fin de saison. Fin de siècle.

La salle des Quatres Colonnes ne grouille, QUE de journalistes. Qui, eux-mêmes, à cette heure-ci, n’attendent plus rien.

Ah tiens, un parlementaire que je connais, de gauche. La presse se jette sur lui.

C’est le socialiste, Hugues Fourage

Epuisement général

« Quand on appartient à un groupe, on doit respecter la majorité », nous dit-il

« Au fond, qu’est ce qui intéresse les frondeurs ? C’est vous ! C’est la presse ! Être face aux caméras ! »

J’ai envie de le croire. Mais point de frondeurs à l’horizon. Pas le moindre député, tout court, d’ailleurs. 

Il est 15H. Mais ils sont où ? Déjà en vacances ? Rincés par la tragique journée d’hier ? Ça tombe. Enfin. Il n’y aura pas de motion de censure.

Deux frondeurs viennent, enfin, devant les cameras. Ils sont en direct, côte à côte, sur deux chaines d’info. Deux hommes vaincus, et épuisés.

On baisse le rideau. Cette saison, harassante, est terminée. La mienne aussi, au passage. 

Bonnes vacances à tous !

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