C'était comment ? Pollution : "C'est le pic de la connerie !"
Quatrième jour de circulation alternée à Paris, et autour. Et premier à Lyon et Villeurbanne. Dans la capitale, les mesurettes en font marrer plus d'un. Nathalie Bourrus y était.
C’était… le pic de résignation. Étrange attitude que celle de ces Parisiens qui, certes, souffrent de ce plat servi matin, midi et soir, ce ragoût de particules fines au dioxyde d’azote.
"Ah ! vous ! Vous circulez à vélo… Vous n’avez pas peur ?"
"Ben non, pourquoi ?"
Moi : "La pollution. On est au top, là… C’est historique, parait-il."
L’homme à bicyclette : "Et alors ? Qu’est-ce que vous voulez que ça me fasse ?"
"Du mal… Il y a des précautions à prendre, comme ne pas faire trop d’efforts physiques."
Haussement d’épaule du monsieur. "Mais vous rigolez ! Dans le métro, c’est pire !"
Moi (qui le prends sans arrêt) : "Ah bon ?"
"Mais oui, je l’ai lu : les freins de métro, déjà, c’est insupportable à entendre, on est d’accord. Mais le pire, c’est le freinage. Ça génère des particules métalliques fines."
"Ah, zut ! Mais comment j’vais faire moi ?"
"Ben, faites comme tout le monde… Moquez-vous de tout ça ! Allez, faut que j’avance."
Bravitude, ça tombe à pic
Il me lâche, il m’abandonne, il me laisse à mon désarroi. J’ai soudain la sensation, d’être infestée de particules, que mes bronches sont dévorées par des tonnes de saletés. Mais je vais être vaillante, me dis-je.
Je vais faire preuve de bravitude (mot dont l’auteur n’est autre que l’actuel ministre de l’Environnement… ça tombe à pic).
Je m’engouffre dans une bouche de métro. "En raison d’un pic de pollution, les transports en commun en Ile-de-France sont gratuits." Ah… j’aime bien cette phrase. D’ailleurs, ça plait à tout le monde.
"Vous savez, dis-je à une dame, que la pollution est pire dans le métro !"
"Et alors ? Ça change quoi ? De toute façon, on va tous mourir de quelque chose."
Moi : "Oui, mais là, c’est de mort lente."
"Si c'était si grave..."
La dame ne se rend même pas compte de mon jeu de mots fort poétique.
"Mais c’est vrai que j’ai des maux de tête depuis quelques jours", me dit-elle.
Ah ! Tout de même ! Ils l’avouent ! Il est là le pic de pollution ! Et ça fait mal ! J’aperçois une maman, avec son enfant dans une poussette. "Ça doit vous faire peur, non, cette pollution ?"
Elle : "Ben... pas vraiment… Comme il fait beau, c’est super, on profite, on se balade plus… vous avez vu ce beau soleil sur Paris ?"
Moi : "Oui, oui, mais justement, faut pas trop se balader. Surtout les enfants en bas âge, parait-il."
"Écoutez, si c’était si grave, ils nous distribuaient des masques par exemple ! Ce n’est pas avec des amendes à 22 euros que la pollution va s’arrêter. Ce genre de mesure, c’est vraiment le pic de la connerie !"
Visiblement, on est au pic du jeu de mots, et de la résignation.
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