Cet été 2020. Fête nationale, village préféré des Français et cure thermale : une semaine de reportages dans le Grand Est
franceinfo sur la route de votre été. Pendant tout l'été 2020, les reporters de franceinfo vont à votre rencontre sur vos lieux de vacances. Cette semaine, direction l'Alsace et la Lorraine.
Cette semaine en Alsace démarre par un 14 juillet un peu spécial. Saverne, ville de 12 000 habitants près de Strasbourg dans le Bas-Rhin, fait partie des rares muncipalités à proposer un spectacle pyrotechnique. L'idée est assez originale : un feu d'artifice tiré depuis un lieu tenu secret pour éviter que les habitants ne se rassemblent.
À l'abri des regards indiscrets, Jean-Marc Sommer, artificier, et son équipe préparent le spectacle. Pour être vu de la plupart des habitants, ils se sont installés sur les hauteurs de la ville et prévoient de déclencher cinq coups à cinq minutes d'intervalles.
L'idée de tirer un feu que tous les Savernois peuvent voir de chez eux a tout de suite séduit le maire, Stéphane Leyenberger : "Dès que l'artificier m'a expliqué son plan, j'ai tout de suite accepté parce que ma seule crainte était de provoquer un rassemblement non maîtrisable."
Au centre-ville de Saverne, la famille Graindorge, Mathieu, Stéphanie et leurs trois filles adorent l'idée du feu d'artifice surprise : "C'est malin, il fallait y penser. Les gens sont contents de garder la magie du 14 juillet avec ce spectacle." À 22h30 précises, la famille n'a plus qu'à aller sur le site internet de la mairie pour lancer la bande-son qui accompagne le spectacle pyrotechnique. La surprise est réussie : de son jardin cette famille a pu voir l'intégralité du feu d'artifice.
Direction le Haut-Rhin, à Kaysersberg, élu village préféré des Français il y a trois ans. C'est une ville typique, avec des maisons à colombages et des ruelles étroites entourées de vignes et bercées par le son de la rivière, la Weiss. Raphaël Didierjean y tient une boutique de souvenirs et s'inquiète de l'impact de la crise sanitaire sur le tourisme. "J'ai ouvert le 15 juin et en un mois j'ai eu 500 euros de chiffres d'affaires. Si la période estivale ne nous sauve pas, elle risque de nous achever."
Les restaurateurs aussi sont inquiets, comme Pierre Moiso, propriétaire du Flamme & Co : "Les terrasses sont pleines mais ce n'est pas comme d'habitude. Sur le mois de juin, on a perdu 30%." Pour lui, la région a été handicapée par son traitement médiatique pendant la crise sanitaire. "Aujourd'hui on est les moins touchés en France. Les médias ont fait de nous des pestiférés. Ça se ressent sur le tourisme, les gens ont peur."
Ce constat sur l'image de marque de l'Alsace est partagé par le président de région Jean Rottner : "Il y a une forme de mouvement de recul. Quand on dit que l'on vient de l'Alsace, on se dit que c'est la zone du Covid. Je pense que les Français qui auraient pu avoir envie de venir chez nous ne le font pas." Plusieurs campagnes de communication ont donc été lancées pour retrouver une activité touristique. Cet hiver, le tourisme pourrait ne pas rebondir : de nombreuses municipalités s'interrogent sur l'ouverture des marchés de Noël.
Au coeur du quartier de l'Elsau, à Strasbourg, les jeunes sont deux fois plus nombreux que d'habitude cet été. Quartier classé prioritaire, il accueille un centre socioculturel où les animateurs se démènent pour occuper les jeunes avec de nombreux stages.
Cette année, le centre doit faire face à de nombreuses contraintes, comme l'explique Azzedine Naji, animateur : "On ne peut pas prendre les transports en commun, donc on s'adapte. On est allé à Natura Parc à Ostwald à pied. C'est une heure de marche à l'allée, une heure au retour. On a aussi préféré éviter tout ce qui est piscine et lac. Il ne faut surtout pas oublier dans un coin de sa tête ce qui s'est passé."
Les animateurs, comme les enfants de plus de 11 ans, doivent tous porter des masques, mais malgré cela les activités proposées sont une véritable bouffée d'oxygène. Jamel à 15 ans : "En restant à la maison on ne voit pas les gens, on ne fait que leur parler. Les voir physiquement ça nous fait du bien." A 10 ans, Jawed ne pars pas en vacances, mais profite des activités proposées par le centre socio-culturel. "Ça fait énormément de bien. La semaine prochaine je vais faire un stage de pêche. Ça change de notre quartier, où il y a souvent des embrouilles."
Sortir du quartier, jouer, apprendre, cette année plus que les autres le centre socio-culturel de l'Elsau a un rôle décisif. Pour Azzedine, c'est même le tube de l'été : "Quand on voit le sourire des jeunes, ça n'a pas de prix. On sait que cet été, beaucoup de gens dans le quartier ne partiront pas. Ça nous fait plaisir de rendre tous ces jeunes et leurs parents heureux."
La dernière destination de la semaine se trouve en Lorraine, à Amnéville. Dans cette commune, le centre thermal Saint-Eloy, plus grand pôle de France, s'adapte depuis son ouverture fin juin au protocole sanitaire strict.
À l'accueil du centre, les questions sont nombreuses. Une femme et sa mère sont venues juste pour être rassurées. Cette dernière a une cure en septembre et s'inquiète de la réaction des autres curistes : "J'ai des problèmes de santé et avoir quelqu'un à côté de moi, à même pas un mètre sans masque m'inquiète".
Ce masque est d'ailleurs obligatoire dans tous les espaces de circulation. La température est également prise à l'entrée. L'établissement a dépensé 100 000 euros pour mettre en place le protocole sanitaire. "On est dans les clous des mesures barrières, c'est-à-dire que le nombre de personnes a été divisé par deux, explique Anne Bello, PDG du pôle thermal d'Amnéville. On avait quelques inquiétudes, mais au fond les curistes reviennent."
Jean, opéré d'une hernie discale, revient tous les ans. "Dans tous les services, tout a été mis en place pour que ce soit pratique pour les curistes tout étant le plus strict possible au niveau des mesures de sécurité."
Des mesures drastiques dans les vestiaires, par exemple, où le curiste doit mettre ses affaires dans un sac plastique. Il n'utilise plus de carte et sa clé est désinfectée. Pierrette Rajkovic, coordinatrice de soins, explique le reste des mesures de sécurité : "À partir du moment où les gens quittent le masque, dans la piscine par exemple, on leur demande de ne pas parler. Mis à part s'il y a une urgence bien sûr."
Toutes ces mesures sont finalement respectées à la lettre. Ici, les curistes viennent se soigner. La sécurité sanitaire est donc pour eux une priorité.
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