Cet été 2020. Pêches, plages, solidarité et changement de vie... Une semaine de reportages dans les Pays de la Loire
Pendant tout l'été 2020, les reporters de franceinfo vont à votre rencontre sur vos lieux de vacances. Cette semaine, direction le Sud des Pays de la Loire, sur les routes de Loire-Atlantique et de Vendée.
Cette semaine, franceinfo vous accompagne en vacances en Vendée et en Loire-Atlantique, des territoires prisés par les Français pendant cette période estivale.
Les plages contraintes de se vider aux Sables-d'Olonne
Depuis le 1er août jusqu'au samedi 8 août, les plages urbaines des Sables-d'Olonne sont vidées de leurs baigneurs lors des marées hautes, soit environ trois heures. Le maire de la station balnéaire vendéenne veut éviter les risques de contamination face à la recrudescence de l'épidémie de coronavirus durant la période où la plage se rétrécit, et les baigneurs, par conséquent, se rapprochent.
Maud et ses amis remontent sur le remblai après n'avoir profité de la plage qu'une petite heure. "On est arrivés sur la plage, et on a appris qu'elle fermait à 15h30 seulement parce qu'un de nous a loué une combinaison. Il aurait fallu communiquer sur les réseaux sociaux, ou mettre plein de panneaux." Pourtant, les panneaux informant des horaires d'ouverture de la plage sont bien en évidence.
La situation est encore plus frustrante pour certains, qui n'ont même pas eu le temps de mettre un orteil sur la plage. "On est arrivés avant-hier, pour une semaine. On ne pensait pas que cela serait fermé, ça a était une mauvaise surprise, explique ce père de famille en vacances, qui passera la suite de son après-midi au camping. C'est des mesures dures à accepter, notamment pour les enfants."
Seuls les baigneurs qui ont loué des transats sont autorisés à rester sur la plage. Loïc Potier, responsable des plages de la ville des Sables-d'Olonne, est plutôt satisfait de la réaction des vacanciers : "Après quinze minutes d'évacuation, l'ensemble des personnes ont rejoint le centre-ville. Les gens sont plutôt disciplinés, aujourd'hui nous n'avons eu aucune résistance de la part des baigneurs."
Problème : tout le monde se retrouve maintenant agglutiné sur le remblai. "Les décisions sont bonnes à prendre, mais ce n'est pas assez drastique, s'agace Véronique, une habitante. Il faudrait interdire totalement les côtes à ce moment-là, mais on ne peut pas interdire aux gens de partir en vacances. Je travaille à l'hôpital de La Roche-sur-Yon, on n'est pas dans la configuration du mois de mars, mais il y a des Covid. À la fin de l'été, sur les bords de mer, le nombre de contaminations va exploser !"
Les plages naturelles des Sables-d'Olonne, plus étendues, ne sont quant à elles pas soumises à ces restrictions.
La pêche vendéenne en pleine crise
Les marins pêcheurs ont eux aussi subit la crise de plein fouet. En Vendée, sur le port de pêche de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, l'activité économique essaye de redémarrer.
Nona, patron pêcheur à bord de l'Albi, ramène des caisses de sardines de son chalut. "On n'a pas été trop gêné parce qu'on fait du marché local. La quantité qu'on pêche est suffisante." Du côté de l'Alizée, pour Romain Rousseau, la reprise se passe également plutôt bien : "Je n'ai pas trop à me plaindre, j'ai fait une saison correcte. Actuellement, les soles se vendent bien à la criée, c'est la saison."
Certains marins pêcheurs ont pourtant plus de difficultés. "On a 15 000 à 20 000 euros de manque à gagner, déplore Alexis, pêcheur de crevettes et de rougets. Le marché est vraiment à flux tendu. L'année dernière, les prix et les touristes étaient beaucoup plus réguliers. Ce sont les mois à venir qui font peur, qu'est-ce qui va se passer si on retourne en confinement ?"
José Jouneau, président du Comité régional des pêches des Pays de la Loire s'inquiète lui aussi. Avec une vision d'ensemble des six ports de pêche de Loire-Atlantique et de Vendée, il observe que le bilan depuis la crise sanitaire n'est pas bon. "Tous navires confondus, on est à moins 25% de chiffre d'affaires."
Les exportations souffrent encore de la crise : "Il y a 60% des produits pêchés en Vendée et en Pays de la Loire qui vont en Espagne et en Italie. L'Espagne est en train de reconfiner et l'Italie est dans une situation compliquée, s'inquiète le président. Le Brexit n'a pas aidé. On peine également à retrouver la clientèle des restaurants."
Le début d'une rentrée compliquée pour la filière qui essaye de résister aux crises sanitaires et économiques. Dans la région, un projet en gestation depuis trois ans a enfin vu le jour : la création de l'association Loire océan filière pêche qui rapproche pêcheurs et mareyeurs.
Déconfinés mais encore solidaires à Monnières
Dans la Loire-Atlantique, à Monnières, le confinement a été synonyme de générosité. En mars, la commune de 2 000 habitants avait lancé le réseau "Colibris solidaires" pour aider les personnes âgées de plus de 75 ans en faisant leurs courses et les petits dépannages. Cinq mois plus tard, l'initiative est toujours en place.
Le maire Benoît Couteau se félicite de cet élan de solidarité : "Une quarantaine de bénévoles ont fait plus de 700 courses en tout pendant le confinement. Certaines personnes étaient appelées tous les jours, pour prendre de leurs nouvelles."
Le réseau existe toujours aujourd'hui. Il a même pris un peu plus d'ampleur. "Le dispositif a été muté, explique le maire de la commune. On a décidé que chaque bénévole à Monnières, que ce soit pour une heure ou un an, entre dans le réseau. Il signe une convention avec la mairie, et donc devient colibri solidaire. Désormais, tous les bénévoles Monnièrois sont des colibris solidaires."
Aujourd'hui, les anciens de la commune n'ont plus besoin d'aide pour faire leurs courses ou aller à la pharmacie. Mais si besoin, ils savent qu'ils peuvent toujours compter sur les colibris, comme Marie-Jeanne, engagée depuis le début. "Ça m'apporte contacts et bien-être. On rentre chez soi et on a rendu service à des gens."
Benoit Couteau n'est pas étonné de la solidarité dont font preuve encore aujourd'hui ses administrés. "Dans nos campagnes, dès qu'il y a quelques déclencheurs, plein de gens sont prêts à être solidaires. Ça permet de partager avec des gens que l'on ne connaissait pas du tout. C'est beau de voir que, tant du côté des aidants que des aidés, il y a un vrai plaisir partagé."
Cet automne, le maire a prévu d'organiser une petite fête pour réunir les colibris et les anciens qu'ils ont aidés, toujours dans le respect des mesures sanitaires.
Quitter Paris pour le grand air de la région nantaise
Beaucoup cet été passent leurs vacances en Loire-Atlantique, mais certains ont décidé de s'y installer. Une nouvelle vie pour Marion, son conjoint Jean-Charles et leur petite fille, qui ont quitté la région parisienne pour se mettre au vert. "On est à Saint-Étienne-de-Montluc, à vingt kilomètres de Nantes. Avant on était à Groslay, pas très loin de Paris."
La petite famille est installée depuis une semaine. Un changement drastique pour le couple, qui passe d'un appartement parisen à une nouvelle maison avec jardin : "On avait 70 m2, on a maintenant 85 m2." Ils étaient propriétaires d'un appartement depuis sept ans, mais le quotidien devenait de plus en plus pesant pour cette assistante commerciale et ce directeur d'école digitale. "Quand je travaillais à Paris je devais prendre les transports, le transilien, le métro, énumère Jean-Charles. À l'origine, je suis quelqu'un de la campagne, de Touraine. Après treize ans dans la capitale, la vie parisienne m'usait." Cela fait trois ans que le couple réfléchit à sauter le pas.
L'opportunité se présente en fin d'année dernière, lorsque Jean-Charles se voit proposer un poste à Nantes. Arrive ensuite le confinement, des semaines difficiles pour ce dernier : "Nous étions dans un appartement à trois, avec une petite de 3 ans et demi. Quelque chose de rock'n roll. D'autant plus que Marion a contracté le Covid dès le début du confinement, elle a été alitée pendant quinze jours." Un moment déclencheur pour la jeune femme. "On s'est dit, vivement que l'on s'en aille."
Aujourd'hui, le début de cette nouvelle vie commence plutôt très bien. "Ça me plaît, c'est vert !, s'enthousiasme Marion. On a le temps, on peut se balader, aller voir la mer." Le couple est formel, "si c'était à refaire, on le referait".
Covid-19 et grosse chaleur : double défi dans les Ehpad
La vague de grande chaleur de cet été et le coronavirus ne font pas bon ménage dans les Ehpad français. Toutes les précautions sont prises pour les 212 résidents de la maison de retraite Saint-Joseph à Nantes. Salles de restauration au frais, plusieurs douches quotidiennes, volets fermés et surtout une bonne hydratation. "Il faut toujours insister pour que le résident boive, explique Gurvan, l'un des infirmiers. La personne âgée ne dira jamais qu'elle a soif."
Sur les portes des chambres, des pastilles de couleurs. En rouge, les personnes considérées les plus à risque à cause d'une pathologie ou car elles ne savent pas s'hydrater seules. La température est régulièrement prises dans les couloirs par les soignants, qui ont plusieurs astuces pour garder la fraîcheur. "Comme mettre des linges humides près des fenêtres par exemple."
Quand à l'utilisation du ventilateur, elle est fortement encadrée : "Ils ne sont pas autorisés dans les chambres des résidents qui ne sont pas capables de les couper eux-mêmes. Si quelqu'un d'autre doit l'éteindre, c'est un risque de faire circuler le virus qui est aéroporté." Les activités préparées par Sophie, animatrice, s'adaptent elles aussi à la situation. Le travail des encadrants est donc double : ne pas briser les gestes barrières tout en gérant la vague de chaleur.
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