Grève des pilotes d’Air France : les raisons d’une incompréhension
Comme la plupart des grandes entreprises, c'est le mal du siècle, Air France souffre d'un vrai problème de communication en interne.
Le fait de l'apprendre par la presse début septembre n'a fait que renforcer l’inquiétude et la détermination du SNPL avec un taux de grévistes proche des 75%.
Guerre des chiffres. Les 45% de vols maintenus correspondent en fait aux vols qui sont affrétés d’autres compagnies et à ceux de la filiale Hop qui n'est pas en grève.
Et ce n’est pas une question de rémunération. A titre de comparaison, un commandant de bord d'Air France touche environ 10.000 euros net pour environ, 550 heures de vol annuel, avec les heures supplémentaires, il gagne même plus chez Transavia France, mais vole près de 700 heures par an. Sa productivité est meilleure. A quelques centaines d’euros d’écart, un pilote d’Easy Jet touche à peu près la même chose.
Ce qui explique aussi cette forte mobilisation, c’est le manque de reconnaissance
Les pilotes ont l'impression depuis maintenant quatre ans d'avoir fait de nombreux efforts dans le cadre du plan "Transform 2015". Il est vrai qu’ils ont complètement changé leur façon de travailler, en terme de sécurité des vols, une sécurité des vols d'ailleurs en nette progression, et ils ont appliqué à la lettre le plan "carburant" qui a permis, l'an dernier, à la compagnie d'économiser près de 80 millions d'euros dont un peu plus de la moitié, directement imputables aux équipages. Mais ces économies ne sont pas vraiment valorisées. Alors évidement cette grève n'est pas acceptable, au regard de la situation de la compagnie, très mal vue de l'opinion, mais les pilotes ne sont pas seuls responsables de cet état de fait.
Alexandre de Juniac et Frédéric Gagey ne sont pas responsables non plus du gouffre financier dans lequel se trouve Air France. Les torts sont partagés. Ils paient une certaine arrogance de leurs prédécesseurs, qui considéraient, il y a 10 ans, que le "low cost", était un épi-phénomène qui n'allait pas durer, et que les compagnies du Golfe constituaient une concurrence déloyale.
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