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Cinéma week-end. Bertrand Bonello en terre vaudou

Dans "Zombi Child", le réalisateur mène une nouvelle expérience, entre adolescence et rites ancestraux.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Zombi Child" de Bertrand Bonello (AD VITAM)

Zombi Child a été présenté à la quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes, où cette année les zombies étaient légion sur la Croisette, mais contrairement à ceux de Jim Jarmush, chez Bertrand Bonello, on ne rigole pas avec le sujet. Son zombie a réellement existé, en 1962, en Haïti, pays où la culture vaudou est très forte, un homme est enterré vivant, puis exhumé pour devenir quasi-esclave dans les champs de canne à sucre.

Le zombie serait une mauvaise pratique du vaudou

Bertrand Bonello

Bertrand Bonello croise ce récit avec, plus de 50 ans plus tard, la vie d'un groupe d'adolescentes, élèves du très sélect pensionnat de la légion d'honneur. Bonello qui sait filmer l'adolescence tend son film sur fil ténu et fait dialoguer deux thématiques à priori éloignées, un âge charnière de la vie et des croyances ancestrales. Dans ces jeux interdits contemporains, son zombie évite le cliché du genre, Bertrand Bonello connaît bien Haïti et sa culture syncrétique.      

Lune de miel est le premier film d'Elise Otzenberger

Une comédie sur un sujet qui a priori ne s'y prête pas, la mémoire de la Shoah. Ou comment la troisième génération post Shoah s'approprie cette mémoire alors que les grands-parents, ayant survécu au génocide, l'ont souvent occultée pour survivre, et que les parents n'ont pas osé les questionner. Ce sont les petits-enfants qui sont les plus avides de connaître l'histoire de leur famille, comme le couple que forment Judith Chemla et Arthur Igual qui vont en Pologne sur les traces d'ancêtres disparus.

Quand on arrive à Cracovie avec la volonté de chercher ses fantômes c'est vraiment choquant de découvrir cette marchandisation de la Shoah

Elise Otzenberger

Entre rires et larmes, la réalisatrice évoque cette quête difficile, dans une famille très peu religieuse, mais où l'identité juive vient ressouder les générations. L'humour permet de situer le décalage des personnages, mais aussi, et là on rit moins longtemps, la marchandisation surréaliste de la mémoire de la Shoah à Cracovie en Pologne. On voit, ce qui existe vraiment, des boutiques pour touristes qui vendent des statuettes pas drôles du tout.    

Le professeur de Valerio Zurlini, film de 1972 ressort en salles en version restaurée

Avec un Alain Delon au sommet de son art. Film qu'il a coproduit et réduit au montage lui-même, c'est donc la première fois qu'on peut le voir en version intégrale. Valerio Zurlini est un cinéaste italien méconnu et maudit, son film est d'une noirceur totale, et Alain Delon, en professeur remplaçant dans un lycée de Rimini, est bouleversant de mélancolie.

Mal rasé, teint blême, les cheveux en bataille, il traîne dans son manteau beige le deuil de ses illusions, quand la beauté et la tristesse infinie d'une élève, la sublime Sonia Petrova, lui fait à nouveau croire en un possible amour, que le nihilisme du réalisateur va évidemment contrarier. Dans cette ville portuaire filmée dans la grisaille de l'hiver, Alain Delon, en total décalage avec une bande de bourgeois décadents, offre l'une de ses plus belles interprétations.        

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