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Cinéma week-end. Le retour réussi de la réalisatrice hongroise Ildikó Enyedi

Dans "Corps et âme", la réalisatrice hongroise mêle histoire d'amour et recherche formelle.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4 min
Corps et âme (Le Pacte Distribution)

Corps et âme a obtenu l'Ours d'or à la Berlinale 2017

La cinéaste et scénariste hongroise Ildikó Enyedi n'avait pas fait de long métrage depuis 18 ans, faute de moyens. Elle signe pour son retour une très belle histoire d'amour. Corps et âme se passe dans un abattoir, où la nouvelle et jeune contrôleuse qualité fait les mêmes rêves que son patron, bien plus âgé qu'elle. Les deux se voient dans leur sommeil en cerf et en biche, dans une forêt enneigée.

Tout le monde, du chef opérateur au charpentier, cherche le vrai sens de chaque scène

Ildikó Enyedi

Avant qu'ils ne se rapprochent, il faudra du temps. Elle, fragile et mystérieuse, Alexandra Borbély, a tous les symptômes d'une Asperger aux tics obsessionnels. La photographie de ce film est sublime, chaque image est travaillée à dessein, pas question pour Ildikó Enyedi de tomber dans la vanité de l'esthétique.      

Pour le réconfort, premier long métrage de Vincent Macaigne

Vincent Macaigne vient du théâtre contemporain, ce qui ne l'empêche pas d'être de plus en plus présent devant la caméra, comme dans Le Sens de la fête. Pour le réconfort est son premier film comme réalisateur, tourné avec ses comédiens de théâtre, des moyens dérisoires, mais une énergie colossale.      

Tant qu'on garde cette chaleur dans la discussion et cette envie de débattre, on garde quelque chose de vivant

Vincent Macaigne

On pourrait croire que Vincent Macaigne se contente de filmer des amis d'enfance qui s'engueulent sur fond de conflit de classe sociale, de jalousie, de mépris, ce serait une erreur. Oui, il y a comme dans son théâtre de l'improvisation, du travail sans filet, mais aussi et surtout beaucoup d'écriture, en regardant du côté de Tchekhov et de sa Cerisaie, œuvre qui dit la fin d'une époque, le lien est fait avec nos temps incertains, nos doutes et nos débats agités.      

Des bobines et des hommes de Charlotte Pouch

Des bobines et des hommes est un documentaire sur la fin de l'usine textile Bel Maille à Riorges dans la Loire, quand l'arrivée d'un repreneur se termine en liquidation judiciaire laissant sur le carreau 48 salariés. Le film de Charlotte Pouch n'est pas un documentaire de plus sur la désindustrialisation, c'est le témoignage sidérant de ce que peut être un patron voyou, en l'occurrence Stéphane Ziegler, à qui pourtant, dans les premières images, on donnerait le bon dieu sans confession.      

Sans adieu, documentaire posthume de
Christophe Agou sur les paysans du Forez

Enfin au rayon documentaire cette semaine, non loin de l'usine Bel Maille, dans les massifs du Forez, les vieux paysans à découvrir dans Sans Adieu, film d'autant plus bouleversant que son auteur Christophe Agou n'en a pas vu la sortie, il est mort il y a deux ans. Cet enfant du pays qui vivait à New York, brillant photographe, revenait régulièrement filmer ces derniers paysans vivant dans la misère, mais dignes jusqu'au bout, un incroyable témoignage d'un monde disparu.            

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