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Cinéma week-end. "Lettres de la Guerre" et "Je danserai si je veux" : deux pépites !

La littérature d'Antonio Lobo Antunes sur grand écran et un premier film israélo-palestinien débordant d'espoir.

Article rédigé par franceinfo, Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Miguel Nunes dans "Lettres de la guerre" (Memento Films)

Lettres de la Guerre d'Ivo Ferreira

Le cinéaste voulait depuis longtemps parler des guerres coloniales portugaises qui au début des années 70 ont traumatisé les populations autochtones, une génération de militaires et causé la chute de la dictature de Salazar. C'est par le biais de la littérature qu'il a mené son projet à terme, Lettres de la Guerre s'inspire du livre de l'immense écrivain portugais, Antonio Lobo Antunes.

Entendre les mots d'Antonio Lobo Antunes c'est toujours magique, c'est très bien rendu dans le film

Dominique Bourgois, éditrice d'Antonio Lobo Antunes

1971, le jeune Antonio Lobo Antunes est médecin, il part faire la guerre en Angola, aussi peu convaincu que ses camarades d'infortune de l'utilité de ce conflit. Loin de chez lui, il ne cesse d'écrire à sa jeune épouse qui attend leur premier enfant, commence un roman et se convainc définitivement qu'il sera écrivain. Ivo Ferreira a l'idée lumineuse de faire entendre ces lettres d'amour dans la voix de celle à qui elles sont destinées, alors qu'à l'écran se déroule la vie de garnison d'Antonio Lobo Antunes, dans un noir et blanc aux palettes de gris infinies. Ce mariage entre cinéma et littérature est une grande réussite, elle a convaincu Dominique Bourgois, éditrice d'Antonio Lobo Antunes en France.

Je danserai si je veux de Maysaloun Hamoud

Je danserai si je veux est un film qui va faire date : premier opus de la palestinienne Maysaloun Hamoud, produit par l'israélien Shlomi Elkabetz, c'est un remarquable manifeste, aussi dur qu'il est optimiste. C'est la première fois que la réalité des femmes arabes de nationalité israélienne est montrée à l'écran.

Cette solidarité féminine est un moyen puissant de changer les choses

Maysaloun Hamoud

À Tel Aviv, trois colocataires cohabitent avec leurs différences : Laila, de famille musulmane mais totalement libre, Salma chrétienne et lesbienne, enfin Nour d'un milieu musulman rigoureux. Prendre son destin en main, s'émanciper des sociétés patriarcales, les trois jeunes femmes le font, chacune à sa manière et au-delà de leurs différences se crée une très belle solidarité féminine. Maysaloun Hamoud n'épargne pas les hommes, même le plus ouvert à priori s'avère aussi macho que les autres. Si la tonalité de son film est aussi juste, c'est qu'elle est l'une de ces femmes palestiniennes de Tel Aviv et qu'elle voulait surtout éviter les clichés.

À voix haute, La force de la parole de Stéphane de Freitas

Tout aussi énergisant et plein d'optimisme À voix haute le documentaire de Stéphane de Freitas. Il est le créateur d'Eloquentia qui depuis quatre ans réunit une trentaine d'étudiants de l'Université de Saint-Denis en banlieue parisienne, pour un concours d'éloquence qui désigne le meilleur orateur du 93. Partant du principe que la parole est une arme et que le langage est un redoutable outil de ségrégation sociale, de reproduction aurait dit Bourdieu, un avocat, un slameur, une metteuse en scène préparent ces jeunes aux origines multiples à ce concours qui révèle leur diversité, la richesse de leurs cultures et leur formidable désir de vivre, trop souvent étouffé par un complexe d'infériorité. À voix haute est subtil, drôle et émouvant.

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