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"Cœurs vaillants" : l'horreur de la guerre à hauteur d'enfant

La réalisatrice Mona Achache a dirigé cette fiction inspirée de son histoire personnelle.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
"Coeurs vaillants" retrace l’odyssée de 6 enfants juifs cachés pendant la guerre, partis trouver refuge là où personne ne pense à aller les chercher… (LES FILMS DU CAP / COEURS VAILLANTS / BAC FILMS)

Nous sommes dans un endroit idyllique, le superbe Château de Chambord, au bord de la Loire, sous le soleil. Mais la période, elle, n'incite pas au plaisir, loin de là, puisque le film se passe en 1942. Et il nous présente un groupe de six enfants juifs, orphelins pour la plupart, qui vont se cacher dans le château, et plus tard vont tenter de rejoindre la France libre en passant par la forêt, dans laquelle ils vivront un temps.

Les horreurs de la guerre et de la Shoah confrontées à l'insouciance de cette bande d'enfants. Voilà le projet de Coeurs vaillants, en partenariat avec franceinfo, et réalisé par Mona Achache :

"Comment raconter la guerre, la Shoah, aux enfants, à travers leur regard, en se plaçant à leur hauteur ? De découvrir aussi toute leur lumière, leur hauteur d'esprit, et de la mettre en parallèle avec la terreur de la guerre, mais en faire un film pour eux."

Mona Achache, réalisatrice

à franceinfo

"Ma grand-mère a elle aussi été une enfant cachée, poursuit la cinéaste, et quand elle me racontait tout son périple, quand j'étais enfant, j'étais marquée par l'ambivalence de ses sentiments. Elle me restituait l'horreur de la guerre, mais je voyais aussi jaillir son innocence et des élans de liberté. Moi, ça a été mon terrain d'accroche en fait, avant la barbarie, avant la découverte du contexte historique plus large, ça a été sa petite histoire."

Tous les jeunes acteurs du film sont très justes et attachants, une performance quand on sait que faire bien jouer des enfants, qui plus est ensemble, est souvent une gageure :

"On a tourné le film dans l'ordre chronologique, ce qui est assez rare, et moi j'ai constamment essayé de m'inspirer, de rebondir, et de laisser jaillir davantage ce que eux pouvaient vivre, ressentir, spontanément. Toutes nos projections d'adultes à l'écriture du scénario étaient des points d'ancrage essentiels pour faire avancer l'histoire, le récit, la menace, la traque et leur fuite.

Mais ensuite, ce qui venait se construire dans le groupe, la manière qu'ils avaient de réagir à la peur, mais aussi ces moments de liberté et d'insouciance, leur vie sauvage dans la forêt, c'était impossible de ne pas se laisser porter par leur élan spontané."

Et la comédienne Camille Cottin, rôle principal du film, est elle aussi épatante du début à la fin

Nitram : dans la tête d'un tueur de masse

Dans un tout autre style, on s'intéresse à présent à un autre fillm, Nitram, qui nous emmène en Australie. Un long-métrage réalisé par Justin Kurzel, qui était en compétition à Cannes l'an dernier, basé sur l'histoire de Martin ("Nitram" à l'envers) Bryant, un jeune terroriste qui en 1996 a tué 35 personnes lors d'un attentat à Port Arthur en Tasmanie, un État insulaire au large de la côte sud australienne.

Son acte ne sera pas filmé, le film s'arrête juste avant, et justement il s'intéresse à la vie du tueur avant le drame : un jeune solitaire, maltraité, psychotique sous traitement, qui au gré des rencontres va accentuer sa colère.

Dans le rôle-titre, l'acteur américain Caleb Landry Jones, prix d'interprétation à Cannes justement, est remarquable :

"Au début je ne savais pas si j'en étais capable. J'avais de l'appréhension, j'avais peur d'échouer. Mais après avoir rencontré Justin et Shaun, le scénariste, j'ai dit : 'c'est bon, allons-y'. Parce qu'ils me voulaient vraiment. Et Justin a cette chose en lui qui fait que je savais qu'on serait capables d'aller le plus loin possible ensemble."

Et si le film n'évite pas un brin de complaisance, ou certaines maladresses, la démarche n'est pas inintéressante et, au moins visuellement, Nitram est assez réussi.

The Northman : une vengeance spectaculaire et violente

Et puisqu'on a décidé de mélanger les styles cette semaine, pour qu'il y en ait ainsi pour tous les goûts, le troisième et dernier conseil de la semaine c'est The Northman réalisé par le britannique Robert Eggers, qui avait déjà signé les films étranges et remarqués The Witch et The Lightouse, et qui ici adapte une légende scandinave, qui a plus tard inspiré Shakespeare.

Soit l'histoire d'un viking au XIe siècle, fils d'un roi, qui assiste à l'assassinat de son père et s'échappe en mer en promettant de le venger, et qui revient 20 ans plus tard, devenu guerrier sanguinaire.

Vous l'aurez compris, on est dans la vengeance et une imagerie barbare, le film est très violent, spectaculaire, souvent remarquable sur le plan esthétique, même si on a un peu mal à la tête après deux heures. Au casting, on retrouve Alexander Sasgard, Nicole Kidman, Ethan Hawke, Willem Dafoe, Anya Taylor-Joy ou encore le chanteuse islandaise Björk.

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