Avions et voitures, une affaire de pneus
Aux 24 heures du Mans, les pneumatiques sont changés tous les 300 kilomètres en
moins de 20 secondes. Ceux des avions sont déposés tous les 300 cycles
atterrissages-décollages.
Philippe Servant, responsable de l'entretien des roues à Air
France, prend l'exemple de l'Airbus A380 qui compte 18 roues. Chacune
d'elle pèse environ 300 kilos et coûte 100.000 dollars.
Contrairement à ceux des voitures, les pneumatiques d'avions peuvent être
réutilisés : le pneu usé est démonté puis rechapé ou échangé contre un neuf.
Air France installe chaque année 9.000 pneus sur ses appareils.
Cela représente un beau budget; le prix à payer pour la sécurité. Dominique
Aimon, directeur de la communication technique et scientifique chez Michelin,
explique qu'il a fallu "développer des trésors de technologie pour
lutter contre la centrifugation des pneus" et résume ainsi le cahier des
charges aéronautiques du manufacturier.
Un pneu d'avion doit être capable de porter un camion à la vitesse d'une Formule 1.
Des roues et des pneus capables de soutenir un avion comme l'Airbus A380
pesant 560 tonnes et qui décolle à 300
km/h demandent beaucoup de recherches. Selon Dominique
Aimon, Michelin "dépense plus de 600 millions d'euros par an et 6.600
personnes travaillent à travers le monde en recherche et développement".
La puissance d'innovation de Michelin est aujourd'hui protégée par plus de 10.000 brevets actifs.
En aviation, un éclatement de pneu peut s'avérer dramatique, comme ce fut le
cas avec le Concorde, mais son taux d'occurrence est aujourd'hui inférieur à un
pour 200.000 vols. Dans le monde automobile, les statistiques sont très différentes.
Un milliard de pneus sont fabriqués chaque année dans le monde
Henri Pescarolo, quatre fois vainqueur des 24 heures du Mans sur 33
participations, tournait à 380
km/h sur le circuit. À cette vitesse, les
éclatements peuvent être fatal. "Quand le pneu éclate, la bande de
roulement se déchire et arrache tout ce qu'il y a autour de la roue."
"À une certaine époque, en Formule 1 par exemple, on n'avait pas le
droit de s'arrêter pour changer de pneus. Donc les manufacturiers faisaient un
pneu qui pouvait durer une heure et demie. Aux 24h du Mans, il est nécessaire
d'avoir un pneu qui dure assez longtemps parce que les arrêts aux stands
comptent dans les temps de course".
"Les technologies utilisées en course sont progressivement adaptées
aux véhicules de série. C'était en course automobile et particulièrement aux
24h du Mans qu'on testait des technologies nouvelles".
L'éclatement des pneus est encore plus redoutable sur nos routes.
Conséquence d'une usure ou d'un sous-gonflage, il serait responsable de 20% des
accidents de voiture.
Dominque Aimon précise que "les voitures modernes ont des
instruments qui leur permettent de connaître la pression des pneus. Mais il est
toujours très important de rappeler en ces périodes de départs en vacances que
la pression des pneus est le facteur de sécurité numéro un. La longévité du
pneu sera améliorée et les gens feront des économies de carburant. Entre
des gens qui vont laisser leurs pneus pendant six mois sans s'en occuper et
ceux qui s'en occupent bien, l'écart sera de cinq litres sur un trajet de 1.000 kilomètres " .
Bonus :
- 1889 : John Boyd Dunlop invent le pneumatique et crée la première manufacture. Les vélos s'équipent de boudins en caoutchouc fixés à la jante.
- 1891 : Édouard Michelin dépose le brevet de la chambre à air grâce à laquelle Charles Terront remporte le premier Paris-Brest.
- 1895 : Michelin fabrique l'Éclair, la première voiture sur pneus.
- 1899 : la "Jamais Contente", première voiture à atteindre les 100 km/h, est équipée de pneus Michelin.
- 1929 : création de la Micheline et de ses pneus roulant sur des rails.
- 1933 : premier pneu à clous
- 1946 : brevet Michelin du pneu radial.
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