Les poubelles de l'espace
Plus de 5.000 satellites ont été
lancés dans l'espace depuis une quarantaine d'années. Leur durée de vie est limitée et varie en fonction du type de mission qui leur est attribué. Une fois hors-service, la plupart d'entre eux continuent de tourner autour de la
terre. Ils risquent alors d'entrer en collision avec des débris, comme nous l'explique Jean-Pierre Haigneré. L'astronaute français a séjourné plus de six mois dans l'espace à bord de la station MIR, entre février et août 1999 : "Le satellite, par définition, est une construction mécanique assez légère. Le moindre impact d'un débris à sept kilomètres par seconde, crée des dégâts immédiats * très importants."*
On compte plus d'un million de débris
supérieurs à un millimètre , dont deux cent mille supérieurs à un centimètre qui, eux, peuvent détruire des satellites. Certes, les débris tournant en orbite
basse, c'est-à-dire vers 500 kilomètres, menacent les vols habités. Mais à cette altitude, la densité de l'atmosphère, même si elle est très faible, permet de ralentir les objets. Au bout de quelques semaines, au pire, quelques années, ils rentrent dans l'atmosphère, se consument et s'éparpillent sur terre.
En revanche, le problème est tout autre pour les débris et satellites tournant à une altitude supérieure : "Que ce soient les constellations
de télécommunications ou les satellites de navigation, à 20.000 kilomètres, ça
ne tombe pas avant un siècle ou deux. Il faudra imposer, quand les satellites
seront inopérants, des dispositifs qui leur permettent de
freiner, de revenir sur Terre ou de s'éloigner de l'orbite terrestre,
ce qui est encore plus difficile."
De tels dispositifs coûtent cher, surtout pour les
satellites de télécommunications qui tournent à 36.000 kilomètres d'altitude et qui font l'objet d'une rude concurrence commerciale entre les grandes puissances spatiales. Pour le moment, les satellites
hors d'usage sont, au mieux, orientés sur des orbites dites "de garage ", c'est-à-dire à une altitude légèrement supérieure ; au pire laissés sur place, ce qui accroît les risques de collision et de multiplication des débris. Selon Jean-Pierre Haigneré, "il faudrait faire des efforts
financiers, ce qu'on ne fait pas aujourd'hui, pour rester concurrentiels les
uns par rapport aux autres."
Des traités ont bien été signés, mais ils ne
sont pas vraiment respectés. Pour preuve, les milliers de débris dus aux destructions de satellites par des missiles militaires. Pour Jean-Pierre Haigneré, "l'économie est maintenant
si dépendante du spatial qu'une incapacitation des
moyens spatiaux par les débris aurait des conséquences sur l'exploitation de cet espace. C'est un sujet de préoccupation et c'est
probablement ce qui a incité les puissances à signer des traités de ce point de
vue là."
La Guerre des Étoiles n'est pas science-fiction, elle fait partie de notre présent. L'espace est désormais source d'enjeux stratégiques, qu'ils soient d'ordres militaires ou commerciaux.
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