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Cold cases, la science face au crime (8/8) : "Vers un monde sans affaires non élucidées ?"

Dans ce dernier épisode, franceinfo vous propose une immersion au sein de l’IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Une immersion à la découverte des techniques qui permettront d’arrêter les criminels de demain.
Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les coulisses de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). (STEPHANIE BERLU / RADIO FRANCE)

"Vous êtes en quelque sorte ici au saint des saints de la police judiciaire de la gendarmerie" : bienvenue à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN). Situé à Cergy Pontoise, en région parisienne, cet immense site est une "grosse entreprise de 600 personnes" où se mêlent uniformes militaires et blouses blanches. "Le pôle judiciaire est à la lutte contre la criminalité, contre le crime ce que le GIGN est à l'intervention, si je peux faire ce parallèle", explique le maître des lieux, le général de division Gilles Martin.

Trouver les traces, ne passer à côté d'aucun indice, c'est le socle de l'enquête criminelle, ce qui va déterminer ensuite la qualité du travail des enquêteurs. Dans l'affaire Gregory, les gendarmes, les journalistes, les curieux, ont balayé, souillé, dénaturé la scène de ce crime qui 30 ans après n'a toujours pas été résolu. Et c'est encore aujourd'hui ce qui obsède le colonel Mickael de Miras. "Le point clé de la prise en compte d'une scène de crime, c'est d'agir très vite, explique-t-il. On joue contre la flèche du temps, les effets de la flèche du temps qui est le dépérissement des preuves et l'évanescence des traces. Donc il faut agir le plus vite possible."

La réalité virtuelle, nouvel atout de l'IRCGN

Grâce à leur équipement, les experts peuvent depuis plusieurs années modéliser en 3 dimensions une scène de crime. Jusqu'ici, on ne pouvait voir les images que sur un écran d'ordinateur, une vision aplatie en 2 dimensions qui limitait le travail des experts. Mais depuis quelques mois, les équipes de l'IRCGN travaillent avec la réalité virtuelle pour permettre de s'immerger complètement dans la scène de crime. "Vous voyez toutes les capacités de simulation d'un modèle numérique qu'on peut reproduire, explique Mickaël de Miras. On peut reproduire toutes les hypothèses que l'on souhaite de travail par rapport aux données que l'on a de la scène de crime, et les visualiser, et donc après démontrer ou montrer à une cour d'assises, un magistrat, quelles sont les hypothèses qui ont été évaluées et ensuite les visualiser."

"Dans le cadre de l'enquête, ça permet d'évaluer toutes les hypothèses et de reprendre une enquête un certain nombre d'années après. "

Colonel Mickaël de Miras

à franceinfo

Cette technique de réalité virtuelle pourra selon le colonel être mise à disposition des enquêteurs d'ici seulement quelques mois…le temps de faire les derniers réglages.

Malgré ces découvertes qui font tous les jours avancer les sciences criminelles, certains domaines restent encore obscurs pour les experts. C'est le cas notamment des morts par noyade qui restent très difficiles à analyser. Mais une discipline émerge peu à peu : l'analyse de diatomées. " Une diatomées, c'est une micro-algue,  explique l'adjudant cheffe Anne-Typhaine Baude. C'est du phytoplancton qu'on retrouve dans tous les milieux aquatiques naturels, que ce soit eau douce ou eau de mer. L'avantage de cette diatomée, c'est qu'on l'utilise, nous, en criminalistique, elle nous sert comme bioindicateur dans le cadre de diagnostic de noyade."

Pour Gilles Martin, "l'important, la science en elle-même n'est rien sans l'homme, sans le facteur humain. Non, ce qui me semble important pour la science, c'est véritablement de s'inscrire dans un contexte humain, un enquêteur, une victime". La raison d'être de l'IRCGN, "c'est vraiment de travailler à la manifestation de la vérité. Et donc on a un devoir d'apporter aux victimes des réponses. Ça, ça fait partie de notre ADN."


"Cold cases : la science face au crime", un podcast original franceinfo du service police-justice de franceinfo, à retrouver sur le site de franceinfo, l'application Radio France et plusieurs autres plateformes comme Apple podcasts, Podcast Addict, Spotify, ou Deezer.


Un récit de Margaux Stive
Réalisation : Vanessa Nadjar
Coordination : Pauline Pennanec'h 
Prise de son : Mickaël Simon
Vidéo : Thomas Sellin
Mixage : Jean-Raphaël Pont
Création sonore : Bruno Carpentier, Hervé Bouley 
Archives : Denis Forget 

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