La Chine accueille avec faste les dirigeants africains à qui elle entend moins prêter

Plusieurs dizaines de chefs d'État et de gouvernement africains participent du 4 au 6 septembre au sommet Chine/Afrique. L'empire du milieu devrait renforcer sa présence sur le continent en signant de nouveaux accords et de nouveaux prêts.
Article rédigé par Sébastien Berriot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le sommet Chine/Afrique se tient du 4 au 6 septembre 2024. (ADEK BERRY / AFP)

La Chine est évidemment déjà très présente sur le continent africain, mais devrait encore renforcer sa présence. Cependant, la politique africaine de la Chine évolue et n'est plus la même qu'autrefois.

Depuis le début des années 2010, la Chine a déversé en Afrique, des dizaines de milliards de dollars. De l'Angola à Djibouti en passant par la RDC et le Kenya : 100 000 kilomètres de routes et d'autoroutes ont été construits ainsi que 10 000 kilomètres de voies ferrées, des centaines de ports et des centrales hydroélectriques. Ce sont des prêts massifs à l'Afrique qui ont permis de financer ces mégaprojets.

Les temps ont changé et aujourd'hui, la Chine n'a plus vraiment les moyens de dépenser sans compter. L'économie chinoise connaît une période de ralentissement depuis le Covid et dans ces conditions, le régime communiste ne peut pas se permettre de prendre des risques financiers inconsidérés.

Il faudra attendre la fin du sommet pour voir le montant des nouveaux prêts qui seront accordés cette année, mais le niveau sera très loin de ce qui était annoncé par exemple en 2016, avec près de 30 milliards de dollars de prêts pour l'Afrique. En 2023, il y avait eu 4,6 milliards de prêts offerts par Pékin.

Une nouvelle stratégie chinoise

En 2023, lors du forum des Nouvelles routes de la soie à Pékin, les Chinois avaient donné un avant-goût en annonçant vouloir désormais donner la priorité à des projets de plus petite taille, moins risqués financièrement et plus respectueux de l'environnement.

La Chine veut financer des projets axés sur l'aide directe aux populations avec davantage de programmes, par exemple pour lutter contre la pauvreté. Souvent critiqué pour sa main mise sur l'Afrique, Pékin espère ainsi améliorer son image et éviter aussi les accusations sur l'endettement des pays africains vis-à-vis de la Chine.

Le régime communiste ne veut plus se retrouver accusé de provoquer la faille financière de certains pays. Dans ce contexte, le vieux modèle des prêts signés directement avec les États est terminé et les Chinois préfèrent travailler directement avec des banques commerciales, comme intermédiaires. Les projets seront, certes, moins grandioses, mais potentiellement plus rentables.

La présence de la Chine sera donc, peut-être plus discrète, mais avec toujours la ferme volonté de rester engagé en Afrique. Face aux États-Unis, la Chine entend conserver et renforcer son influence économique et politique.

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