Le monde de la justice mexicaine est en grève contre une réforme du système controversée
La principale mesure qui cristallise la controverse au Mexique est l'élection des magistrats par le vote populaire. Avec une modification de la constitution, plus de 1 600 juges, procureurs fédéraux et locaux et les ministres de la cour suprême seraient choisis directement dans les urnes dès 2025. La crainte est une politisation de la justice et la perte de son autonomie face à l'exécutif.
Les juges devraient alors faire campagne et deviendraient dépendants du soutien des partis politiques. Certains moins qualifiés, mais plus influents, pourraient ravir des postes avec beaucoup d'enjeux. Dans un pays comme le Mexique, la crainte est que des entreprises ou des groupes criminels avec beaucoup de pouvoir puissent imposer un magistrat qui soit à leur solde et rende des décisions en leur faveur.
Les pays étrangers s'alarment
L'ONU a fait part de ses doutes et les États-Unis ont aussi signifié être contre. L'ambassadeur américain au Mexique, Ken Salazar a écrit dans un communiqué que cette loi était une menace pour la démocratie mexicaine et pour la relation entre les deux pays. Avec ce commentaire, il a d'ailleurs frôlé l'incident diplomatique, puisque le président mexicain a immédiatement dénoncé l'attitude américaine qu'il juge interventionniste et le gouvernement s'est totalement fermé au dialogue.
Cette réforme est voulue et annoncée par le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador depuis longtemps et il en a presque fait une affaire personnelle. Il veut que la loi passe avant son départ à la fin du mois de septembre et c'est pourquoi il a réalisé un tour de force en précipitant le nouveau congrès qui lui offre une large majorité.
Les députés ont d'ailleurs voté dans un contexte complètement chaotique, mercredi 4 septembre. Alors que les manifestants avaient bloqué l'accès à la chambre, les élus se sont repliés dans un gymnase pour approuver la loi à main levée, installés sur des chaises en plastique. Dans le fond, le Mexique a besoin de changer radicalement son système de justice, miné par la corruption à toutes les échelles et complètement en échec puisque neuf délits et crimes sur dix ne sont jamais punis.
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