Mexique : malgré la violence machiste qui accable la société, une présidente va prendre la tête du pays
Ce duel inédit entre deux candidates aux plus hautes instances du pays contraste avec le "machisme" et la violence endémique de la société mexicaine, et illustre l’avancée des femmes politiques aux postes de responsabilité. Alors que le pays comptabilise en moyenne 3 000 féminicides par an, les électeurs choisiront, dimanche 2 juin, leur présidente parmi deux candidates : à gauche, Claudia Sheinbaum et, à droite, Xochitl Galvez.
La Cour suprême, le Sénat et la Chambre des représentants sont aujourd’hui dirigés par des femmes. Ces dernières années, de nouveaux crimes ont été inscrits au Code pénal : violence numérique, violence coercitive, ou des crimes plus glaçants comme la défiguration à l’acide. Un arsenal juridique destiné à mettre en sécurité les femmes mexicaines.
Des féminicides en augmentation malgré les progrès du Code pénal
Ces progrès sont impulsés par la révolte féministe mexicaine. Entre 2018 et 2020, le pays a vu un soulèvement de dizaines de milliers de femmes pour dénoncer les féminicides, les violences conjugales quotidiennes, et aussi dénoncer l’inaction de la justice. Cette justice, un réseau organisé, très articulé, avait œuvré pour l’accession au pouvoir du président sortant Andrés Manuel Lopez Obrador.
Mais ce mandat n’a pas convaincu, puisque pendant cette période, les féminicides ont augmenté de 120%, une absence de résultats que dénoncent ces mouvements féministes. Son héritière Claudia Sheinbaum, la candidate de gauche, essaie pourtant de défendre le bilan du président sortant et de mettre en avant le "féminisme social" : "L’autonomie financière, politique, physique, pour moi, c’est ça le féminisme. L’État doit aussi protéger les femmes et chez moi on dit : pour le bien de toutes, commençons par les pauvres, car c’est là qu’il y a le plus d’inégalités."
95% des poursuites pour féminicide n’aboutissent à aucune condamnation
Ce genre de concept politique est rejeté par les militantes mexicaines, qui ont fini par distingué les féministes "autonomes", privilégiant les actions de terrain, des féministes "institutionnelles", dont fait également partie la candidate de droite Xochitl Galvez : "Je serai l’alliée des femmes, je serai la présidente qui défend les femmes et je vous préviens, celui qui s’en prend à une femme s’en prendra à la présidente."
Mais il n'est pas certain que ces beaux discours parviennent à convaincre la branche historique du féminisme mexicain, un mouvement incarné par la chanteuse Vivir Quintana, qui comme les autres exige des résultats. Aujourd’hui, 95% des poursuites pour féminicide n’aboutissent à aucune condamnation. Dans une lettre adressée aux deux candidates, Vivir Quintana leur demande d’agir avec "intégrité et justice" : "Au Mexique, on se mobilise plus pour la condition féminine que contre les féminicides sauvages, mais imagine qu’un jour tu arrives chez toi et qu’on te dise qu’on a retrouvé ta fille de 5 ans dans une valise !"
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