Bilan 2023 et perspectives 2024 aux États-Unis et au Mexique

Le club des correspondants s'intéresse aux faits qui ont marqué l'année 2023 et aux dossiers qui occuperont l'année 2024 à Washington et à Mexico.
Article rédigé par Sébastien Paour, Emmanuelle Steels
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Fin de l'année 2023, quelles perspectives pour 2024 ? Photo d'illustration. (ERHUI1979 / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

À la fin de l'année 2023, l'heure des bilans approche. Nous partons au Royaume-Uni et en Allemagne pour savoir ce qui a caractérisé l'année qui se termine et savoir ce qui sera au centre des préoccupations en 2024. Aux États-Unis, comme au Mexique, 2024 sera une année électorale.

États-Unis : un nouveau duel Trump-Biden ?

L'année 2023 aura dessiné les contours du même duel qu’en 2020, puisque d’après les sondages, le milliardaire républicain Donald Trump et le sortant démocrate Joe Biden sont en tête. Et le 45e président est devant le 46e dans les enquêtes d'opinion. Et Donald Trump est largement en avance sur ses adversaires républicains pour la primaire.

Donald Trump, tout au long des derniers mois, a pris le large sur ses challengers. Et en premier lieu sur celui qui était attendu comme l’alternative possible à une nouvelle candidature de l’ancien président : le gouverneur de Floride Ron DeSantis. Sauf que celui qui a été largement réélu en novembre 2022 dans son État n’imprime pas au niveau national. Il est distancé par Donald Trump, mais il perd même du terrain désormais dans certains sondages sur Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice aux Nations unies sous la présidence Trump. L’élection du 5 novembre 2024 pourrait donc bien être une répétition de celle d’il y a quatre ans.

La campagne est encore longue, mais si c’est bien un match Biden-Trump, on a déjà quelques idées du programme du milliardaire. Certains parlent même de dictature et lui ne dément pas. Il promet de purger l’appareil d’État et de faire payer ses adversaires politiques, notamment au Département de la Justice, qui sont responsables, d’après lui, de ses ennuis judiciaires. Quatre procès au pénal l’attendent, avec potentiellement des peines de prison. Certains de ces procès auront lieu en pleine campagne présidentielle.

Pour Joe Biden aussi, une procédure ne sera pas loin, puisque le Congrès a officiellement ouvert celle en destitution de l’actuel président. Le Congrès lui reproche d'avoir aidé les affaires de son fils Hunter quand il était le vice-président d’Obama. Cette procédure n’a presque aucune chance d’aboutir puisque les démocrates sont majoritaires au Sénat. Mais c’est une épine dans le pied de Joe Biden, d’autant que son fils est aussi sous le coup de deux inculpations. 2024 sera une année électorale et judiciaire aux États-Unis.

Mexique : deux femmes en lice pour la présidence

Deux femmes seront les deux principales candidates à l’élection présidentielle, le 4 juin 2024, avec l’assurance donc que la présidence sera occupée par une femme pour la toute première fois dans ce pays. En attendant, l’année 2023 a été marquée par plusieurs crises migratoires et sécuritaires.

Tout d’abord la crise migratoire à la frontière avec les États-Unis avec des arrivées records de migrants, près de trois millions de personnes arrêtées en 2023 alors qu’elles traversaient illégalement cette frontière. Cette crise migratoire entraîne une pression constante du gouvernement américain sur le Mexique pour contenir ces mouvements de personnes et les empêcher de parvenir à la frontière. L’année avait débuté avec une visite de Joe Biden au Mexique début janvier et elle se termine par une réunion, le 27 décembre, à Mexico, du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avec le président López Obrador pour implorer son aide.

L'année 2023 a aussi été une année noire au Mexique parce que la violence des cartels s’est déchaînée contre la population, avec une multiplication de massacres qui ont profondément choqué les Mexicains. Au mois de décembre, 14 villageois ont été tués alors qu’ils tentaient de résister aux tentatives d’extorsion d’un cartel et quelques jours avant Noël, onze jeunes ont été massacrés lors d’une fête dans la région de Guanajuato, dans le centre du Mexique. Des tueries qui indignent les Mexicains mais qui ne suscitent pratiquement aucune réaction de la part des autorités.

L’année 2024 verra le mandat de six ans du président López Obrador toucher à sa fin et c’est devenu un sujet omniprésent dans les débats publics. D’abord, parce que le président López Obrador s’empresse d’inaugurer les grands chantiers d’infrastructures qu’il avait promis de boucler avant la fin de son mandat pour relancer le développement économique dans le sud du pays. Il y a, notamment, deux nouvelles lignes de chemin de fer : le Train maya, qui transporte des touristes et des marchandises à travers la péninsule du Yucatán, et le train de l’isthme de Tehuantepec qui relie la côte Pacifique au Golfe du Mexique.

Mais si l’ambiance électorale se fait ressentir, c’est surtout parce que la campagne a démarré très tôt, près d’un an avant l’élection, avec la nomination, à la fin de l’été, de deux femmes comme candidates à la présidence. Claudia Sheinbaum à gauche, l’ancienne maire de Mexico, est favorite pour assurer la succession de López Obrador. Et face à elle, la sénatrice Xochitl Gálvez est à la tête d’une coalition de tous les autres partis, de gauche à droite, qui font bloc contre l’hégémonie de Morena, le parti du président. En 2024, le Mexique élira donc une femme à la présidence pour la première fois de son histoire.

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