Mexique : dix ans après la taxe sur le sucre, l’obésité continue de progresser

La ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq défendait en début de semaine une taxation des sucres transformés, avec l'espoir de réaliser près de 5 milliards d'euros d'économies dans la santé. Cette mesure fait débat au sein du gouvernement, mais reste en discussion.
Article rédigé par franceinfo - Gwendolina Duval
Radio France
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Au Mexique, une taxe sur le sucre est en vigueur depuis 2014. (MINT IMAGES / MINT IMAGES RF)

Alors qu’en France, le gouvernement examine l’idée d’instaurer une taxe sur le sucre. Au Mexique, elle existe depuis déjà 10 ans. Elle a été créée en 2014 par le gouvernement en réaction à l’épidémie d’obésité qui ronge le pays et les dégâts de la malbouffe sur la santé des Mexicains. Cette taxe fait partie d’un ensemble de mesures de la politique de santé. Elle est appliquée par l’État directement sur les produits à la vente. 

Le fonctionnement est simple. Il y a d’une part un impôt spécial sur les produits dits non nécessaires, mais à haute teneur en calories. C'est le cas des chips, mais aussi des bonbons, des confitures, crèmes sucrées, et chocolats, entre autres. Ces produits sont taxés à hauteur de 8%. D’autre part, le gouvernement impose aussi une taxe sur les boissons sucrées : sodas, jus de fruits, sirop. Au départ, elle représentait 1 peso par litre, mais avec l’inflation, le montant a été réajusté.  Aujourd'hui, c'est plutôt 1,5 pesos par litre, soit environ 10% du prix de la bouteille.

Ça peut paraître beaucoup, mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui recommande cette mesure, conseille le double, 20%. Ce que le gouvernement et les consommateurs ont remarqué, c’est que les industriels ont totalement reporté le montant de cette taxe sur le prix des bouteilles, parfois même au-delà d’1,5 pesos par litre. En tout cas, la conséquence pour les Mexicains et le but recherché est qu’une bouteille d'une boisson sucrée est généralement quand même un plus cher qu’une bouteille d’eau.

Les recettes sont élevées pour le gouvernement mexicain. En 2023, on parle de 50 milliards de pesos rien que pour les boissons sucrées, 30 milliards pour les produits trop caloriques. Ça représente environ 3,5 milliards d’euros chaque année. Normalement, ces sommes devraient servir la politique de santé publique du Mexique, la loi prévoyait notamment l’installation de fontaine à eau dans les écoles. Mais au lieu de ça, l’argent qui revient dans la caisse de l’État repart dans le budget général. Quoi qu’il en soit, les défenseurs de ces mesures mettent surtout en avant les gains sur le coût de la santé des Mexicains.

Une efficacité limitée  

Avec cette mesure, dans le cas des sodas, on a pu voir une diminution des ventes les deux premières années. Mais le Mexique reste de loin le premier consommateur de boissons sucrées : 170 litres par an. Et les Mexicains ne sont pas en meilleure santé. L’obésité continue de progresser, avec 7 adultes sur 10 qui souffrent de surpoids, tout comme 16 millions d’enfants et d’adolescents de 5 à 19 ans. La malnutrition ferait chaque année 40 000 morts et est un enjeu majeur de santé publique pour le gouvernement. En plus des taxes, il parie sur d’autres mesures ces dernières années : étiquettes d’avertissements, interdiction du marketing pour les enfants, et dès l’année prochaine, l’élimination des points de vente de malbouffe à l’intérieur et autour des écoles. 

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