Crimes à bronzer : "La Griffe du chien" de Don Winslow
Raconter la drogue, ses enjeux, son trafic, ses acteurs, un défi complexe. Et pourtant, de manière virtuose, La Griffe du chien de Don Winslow suit de 1975 au début des années 2000 la croisade antidrogue de plusieurs gouvernements américains successifs. Près de trois décennies où la corruption croise aussi les compromissions. Un livre construit comme un véritable traité de géopolitique, une gigantesque toile oppressante. Au centre, un homme : Art Keller. De retour du Viêt-Nam, il rejoint les rangs de la DEA, le département antidrogue américain. Sa mission : démanteler le trafic de cocaïne mexicain. Art Keller est en guerre et elle est sans pitié.
Mexique, Honduras, Nicaragua, New York, le circuit de la drogue est méticuleusement décrit, un trafic où la raison d'État n’est jamais loin, où des armes s’échangent contre de la drogue. L’objectif est loin d’une prise de stupéfiant : tout simplement éradiquer les mouvements gauchistes et se donner tous les moyens pour y arriver. La lutte anti-drogue est en réalité une lutte anti communiste.
Loin des belles paroles et des vœux pieux, La Griffe du chien de Don Winslow raconte l’envers du décor de cette lutte antidrogue. Sociale, politique et morale, ce roman est aussi une autre histoire de l’Amérique où les gouvernements, les Mafias et la CIA se croisent en eau trouble. Une désillusion passionnante, épique, violent et surtout instructive. Selon James Ellroy, ce serait "le plus grand roman sur la drogue jamais écrit. Une vision grandiose de l'Enfer et de toutes les folies qui le bordent ".
La Griffe du chien de Don Winslow est disponible aux éditions Fayard.
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