À la veille de la présidentielle, le pouvoir géorgien à l'épreuve de la rue
Le froid et la répression n'y font rien pour l'instant. Ni les canons à eaux de la police, ni les arrestations et les violences commises sur des opposants n'ont entamé la détermination des manifestants, qui ont de nouveau bravé le froid hier soir en Géorgie, pour défiler devant le Parlement, et sur la grande avenue Rustaveli de Tbilissi.
Une quinzième nuit de protestation, contre la décision du gouvernement prorusse de geler le processus d'adhésion du pays à l'union européenne jusqu'en 2028. Décision qui a déclenché une vague de colère, à laquelle se rallient chaque soir de nouveaux secteurs de l'économie ou de la société. Colère qui a débordé des rues de la capitale pour s'exprimer dans tout le pays, avec des rassemblements recensés dans une quarantaine de villes ou de villages.
Des centaines d'arrestations
Le pouvoir ne montre aucun signe d'apaisement, au point de voir Vladimir Poutine saluer "le courage" d'un gouvernement qui a d'abord réprimé la contestation à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, avant d'employer les vieilles méthodes avec des agressions menées par les "titushky", ces miliciens cagoulés surgissant dans les cortèges et se mêlant à la foule pour s'en prendre aux manifestants. Une centaine de blessés ont été dénombrés depuis deux semaines, et au moins 400 arrestations, dont celle d'une figure de l'opposition, dont les locaux ont été perquisitionnés.
"Les intimidations et les arrestations arbitraires doivent cesser", c'est le message adressé par Emmanuel Macron, mercredi 11 décembre, à Bidzina Ivanichvili. Le fondateur du parti au pouvoir, "Rêve Georgien", n'occupe plus de fonctions officielles, mais le milliardaire, très accommodant avec Moscou, est l'homme fort du pays, celui qui décide de tout, et il est d'ailleurs révélateur de voir le président français s'adresser à lui, plutôt qu'au Premier ministre en exercice.
Une présidentielle déjà contestée
C'est dans ce contexte qu'un nouveau président doit être désigné samedi 14 décembre. Pas au suffrage universel, car depuis une réforme constitutionnelle en 2017, c'est un collège composé de parlementaires et d'élus locaux qui doit voter. Ce sera cette fois pour élire le candidat choisi par Ivanichvili, en l'occurrence un ancien footballeur, Mikhaïl Kavelashvili, qui dirige un petit parti au discours anti-occidental. Sauf que la présidente actuelle, Salomé Zourabichvili, figure du camp pro-européen, ne compte pas céder la place. Elle estime, avec le soutien de toutes les forces d'opposition, que les dernières élections, fin octobre, "ont été volées", avec des fraudes massives. Bras de fer en vue, donc, dans cet énième théâtre de lutte d'influence entre la Russie et l'Europe.
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