Canada : Justin Trudeau accuse l'Inde d'être responsable d'un assassinat perpétré près de Vancouver

Le Premier ministre canadien a porté des accusations très graves, lundi, sur l'implication du gouvernement indien dans l'assassinat d'un représentant de la communauté sikh, en 2023, près de Vancouver. Justin Trudeau s'appuie sur un rapport de la police fédérale canadienne.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau assiste à une conférence de presse le 14 octobre 2024, sur la colline du Parlement à Ottawa, après que le Canada a expulsé six diplomates indiens de haut rang, dont l'ambassadeur du pays. (DAVE CHAN / AFP)

Les mots sont d'une gravité rarissime dans le paysage diplomatique. Le Premier ministre canadien s'en est pris vertement au gouvernement indien, lundi 14 octobre, accusant d'un ton très solennel les autorités de New Dehli de commettre "une erreur monumentale en choisissant d'utiliser leurs diplomates et le crime organisé pour attaquer les Canadiens". Un peu plus tôt, la police fédérale canadienne avait annoncé détenir des "éléments de preuve" quant à "l'implication d'agents du gouvernement de l'Inde dans des activités criminelles graves au Canada", notamment l'assassinat du citoyen canadien Hardeep Singh Nijjar, qui militait pour la création d'un État sikh indépendant dans le nord de l'Inde.

Cet assassinat marque le point de départ de tensions persistantes depuis 18 mois. En juin 2023, cet homme de 45 ans a été tué par balles près de Vancouver, dans l'ouest du pays. Réfugié au Canada depuis 1997, et naturalisé en 2015, Hardeep Singh Nijjar était une figure de la communauté sikh, dont la diaspora compte près de 800 000 expatriés au Canada. Accusé de "terrorisme" par les autorités indiennes, l'homme se savait sous surveillance, et en avait même alerté les renseignements canadiens.

Des ambassadeurs expulsés

Trois mois après sa mort, en septembre 2023, une première crise diplomatique avait éclaté quand le gouvernement canadien avait évoqué des "éléments crédibles" de l'implication de l'Inde. Soupçons renforcés aujourd'hui, Justin Trudeau disant disposer "d'indices clairs" quand le gouvernement indien fustige sa "désinvolture". Dans une logique de représailles, les deux pays ont décidé l'expulsion de plusieurs diplomates de haut rang, témoignant d'une tension très forte et d'une défiance réciproque.

Derrière cette affaire grave se cache la question déjà ancienne de la volonté séparatiste de la communauté sikh. Forte d'environ 30 millions de fidèles, dont la majorité vit dans la région du Pendjab, frontalière du Cachemire et du Pakistan dans le nord-ouest de l'Inde, la communauté est traversée par des velléités d'indépendance depuis les années 1970. Une partie des sikhs milite pour la création d'un État indépendant, sous le nom de "Khalistan". Une ambition réprimée dans le sang par l'armée indienne dans les années 1980, ce qui avait conduit en représailles à la mort d'Indira Gandhi, alors Première ministre, assassinée par deux de ses gardes du corps sikhs.

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