La production de cocaïne explose en Colombie, pays hôte de la Cop 16 sur la biodiversité
Dans un océan de vert, tout au sud de la Colombie, le département de Narino fait partie des quatre grandes régions productrices de coca dans le pays. Le secteur est enclavé, et dépend très majoritairement de la feuille de coca qui pèse pour un quart de la surface totale de production.
Ici comme ailleurs, la taille des champs augmente constamment depuis trois ans. Une menace pour la santé publique, la sécurité et la biodiversité alors que 4% de la production est localisée dans les parcs nationaux et 14% dans les réserves forestières. D’après un rapport du gouvernement Colombien et de l’agence de L’ONU contre les drogues, publié vendredi 18 octobre, la production a atteint un record en 2023. Elle aurait augmenté de plus de 50%.
Une explosion de la production en Colombie
Cette explosion est, pour une large part, liée à l’apparition d’un nouvel écosystème. En effet, en 2016, le président de la République Juan Manuel Santos signe un accord de paix avec la guérilla des FARC après des décennies de conflits. Plusieurs points de cet accord concernent ainsi la production de coca, qui aurait dû disparaître avec l’insertion des guérilleros dans la société, et une réforme agraire.
Cette production s'est en fait transformée. Des révolutionnaires dissidents se sont enracinés dans les régions à coca et les rendements ont été améliorés. Par ailleurs, l’interdiction des épandages de glyphosate pour détruire les plants fait qu’aujourd’hui la feuille prolifère, et que le pays est désormais en surproduction. Les stocks de pâtes base, celle qui permet de faire la drogue, s’accumulent, et les prix ont chuté. La Colombie subit par ailleurs la concurrence de l’Équateur, de la Bolivie, du Guatemala, du Honduras, et des drogues de synthèses qui inondent le marché Américain.
Les États-unis ont injecté plus de neuf milliards d’euros depuis les années 2000, pour endiguer ce phénomène, sans résultats notables. Le président de gauche Gustavo Petro, ancien guérillero, veut pour sa part sortir du tout sécuritaire. Il se dit prêt à négocier avec les milices qui encadrent le trafic, et souhaite redonner des terres aux paysans qui pourraient en faire un autre usage. Le gouvernement est conscient que le sujet est international et que seule, la Colombie aura du mal à déraciner la production de cocaïne.
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