Royaume-Uni : à Londres, la création d'une ligne de bus reliant deux quartiers de la ville doit permettre de rassurer la communauté juive

Face à la montée de l'antisémitisme, le maire de Londres et l'opérateur des transports de la mégapole ont décidé de mettre en place une nouvelle ligne reliant directement deux quartiers où vivent de nombreux juifs orthodoxes.
Article rédigé par Nicolas Teillard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Carrefour dans le quartier de Stamford Hill, à Londres, en Grande-Bretagne, le 3 novembre 2023. Illustration. (TOLGA AKMEN / MAXPPP)

C'est un bus rouge à deux étages, identifiable au premier coup d'œil, symbole mondialement connu de la capitale anglaise. Mais le nombre 310 qui s'affiche sur l'écran lumineux apparaît pour la première fois sur le réseau qui permet de sillonner la ville et ses nombreux "districts".

Cette nouvelle ligne relie désormais les quartiers de Stamford Hill et de Golders Green, situés dans les faubourgs du nord de Londres. Ces deux quartiers sont connus pour abriter d'importantes communautés juives, environ 15 000 personnes à Stamford Hill, et notamment une grande communauté hassidique. Ce courant orthodoxe, qui prône un suivi scrupuleux des règles religieuses, est visible et reconnaissable, avec sa tenue traditionnelle en habits sombres, kippa et papillotes.

Éviter une mosquée radicale de réputation

Les représentants de cette communauté réclamaient depuis des années la mise en place de cette ligne directe, permettant d'éviter d'avoir à effectuer un changement à Finsbury Park, non loin de la grande mosquée du nord de Londres. Cette mosquée, visée en 2017 par une attaque à la voiture bélier, traîne depuis le début des années 2000 une réputation sulfureuse. À l’époque, elle avait hébergé un imam radical qui appelait au jihad et qui avait transformé la mosquée en centre du fondamentalisme islamiste. Dans le collimateur, la mosquée avait fermé, avant de rouvrir sous l'œil vigilant des autorités britanniques qui avaient exigé des changements.

Comme dans de nombreuses villes européennes, le 7 octobre 2023 a tout changé. Les attaques terroristes du Hamas et l'opération israélienne qui a suivi à Gaza ont déclenché une flambée des actes antisémites au Royaume-Uni. En particulier à Londres. C'était déjà le cas à la fin de l'année 2023, comme en France, mais la hausse reste notable depuis le début de l'année. Selon les données de la police londonienne, les actes antisémites ont plus que doublé depuis janvier par rapport à la même période l'an dernier, dans un contexte global d'augmentation des violences.

Promesse de Sadiq Khan

Le maire de la ville, le travailliste Sadiq Khan, lui-même de confession musulmane et d'origine pakistanaise, avait promis avant sa réélection en mai de mettre en place la ligne, pour répondre à l'inquiétude qui se manifestait et permettre, selon ses mots, de "voyager en toute sécurité".

Évidemment la ligne n'est pas réservée à la communauté juive, tous les passagers sont libres d'y monter. Mais cette ouverture à leur intention et dans ce contexte d'antisémitisme galopant est diversement appréciée. Saluée par les organisations juives (The London Jewish Forum et The Board of Deputies of British Jews) et par les habitants de ces quartiers, la mesure renvoie à une symbolique historique lourde, et rappelle la difficulté du vivre ensemble, dans une ville pourtant considérée comme l'une des plus cosmopolites au monde.

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