Corée du Sud : comment l'oignon vert est passé de légume de cuisine à symbole de contestation

Après une gaffe du président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, ce légume a été repris par l'opposition pour dénoncer la déconnexion du chef de l'État.
Article rédigé par Sarah Calamand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des agriculteurs sud-coréens brandissant des oignons verts lors d'une manifestation à Sejong en Corée du Sud, le 25 mars 2024. (- / YONHAP avec AFP)

Un ingrédient typique de la cuisine sud-coréenne a pris plus d'importance que les menaces nucléaires de la Corée du Nord dans les débats des élections législatives. Les Sud-coréens sont appelés aux urnes,  mercredi 10 avril, un scrutin crucial pour le président conservateur Yoon Suk Yeol qui espère récupérer une majorité à l'Assemblée nationale.

C'était sans compter sur cette visite, au mois mars, du chef de l'État chez un marchand de légumes. Alors que l'inflation est un thème majeur de ces élections, devant l'étal Yoon Suk Yeol attrape une botte d'oignons verts, constate son prix, 875 wons, soit environ 60 centimes d'euros, et déclare que c'est un prix raisonnable. Mais le légume est normalement vendu trois à quatre fois plus et selon la presse locale le marchand avait baissé ses prix en prévision de la visite du président. Il n'en fallait pas plus aux internautes pour inonder les réseaux sociaux de mèmes, ces images détournées à visée satirique. 

De la viralité à l'interdiction

L'opposition s'est aussi aussitôt emparée de ce symbole : dirigeants et sympathisants ont brandi des bottes d'oignons verts lors des rassemblements pour dénoncer la déconnexion du président. Lors du scrutin par anticipation, vendredi 5 et samedi 6 avril, plusieurs Sud-coréens se sont pris en photo, avec des oignons, devant les bureaux de vote. Inquiète de cette expression de l'opinion politique, la Commission électorale nationale a interdit aux électeurs de se présenter munis d'oignons verts lors de la journée officielle de vote mercredi.

Une décision qualifiée là aussi de ridicule sur internet et dans les rues de Corée du Sud. "Et qu'en est-il des sacs à main Dior ?", demande une électrice à l'AFP, faisant référence à une autre polémique qui touche le couple présidentiel. La première dame avait été piégée en train de recevoir un sac de luxe, alors qu'il lui est interdit d'accepter les cadeaux d'une valeur de plus de 750 dollars.

Désormais symbole du décalage entre le gouvernement et la réalité des Sud-Coréens, l'oignon vert est décliné en produits dérivés vendus sur internet, objets qui pourraient permettre aux électeurs de contourner l'interdiction de la Commission électorale.

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