Dans la peau de l'info. Ce qu'il faut savoir sur le moustique génétiquement modifié
En pleine conférence des Nations unies sur la biodiversité, des scientifiques du monde entier mènent une bataille pour faire interdire un moustique génétiquement modifié et très difficile à tracer. Il ne s’appelle pas 007 mais OX5034. Il a beau n’être qu’un petit moustique, il partage avec James Bond le droit de tuer. Il a même été génétiquement modifié pour cela en laboratoire. Alors tuer qui ? Ses congénères femelles qui piquent les humains jusqu’au sang. Des centaines de millions de moustiques comme lui ont déjà été largués en Floride, avec un objectif affiché : éradiquer la transmission de maladies comme Zika…Et pourquoi pas, un jour, éradiquer le paludisme ou le chikungunya.
Le OX5034 est un moustique tueur, mais il aurait aussi pu être une tomate japonaise, génétiquement modifiée elle aussi, qui permettrait de mieux dormir et d’éviter le stress. Ou encore une pomme canadienne modifiée pour l’empêcher de brunir, et très pratique à commercialiser, déjà coupée pour les parents pressés. Pour ce moustique, comme pour la tomate et la pomme génétiquement modifiées, on ne parle pas d’OGM, non, désormais on les appelle NBT ("new breeding techniques" ou nouvelles techniques de sélection végétale en français) ou NGT . À en croire leurs fabricants, ils sont la solution aux grands problèmes de santé et d'agriculture. Mais leurs détracteurs assurent que le principe, les techniques et les risques sanitaires et environnementaux sont les mêmes que pour les OGM "classiques".
Des gênes modifiés qui se transmettent à d'autres espèces
Comme les OGM classiques, ils ont tous été modifiés en laboratoire et sont soumis à la même réglementation européenne mais ça pourrait changer bientôt. Et vous pourriez alors retrouver dans les supermarchés ces "super pommes" à l’aspect si frais sans savoir qu’elles ont été modifiées génétiquement.
Pourquoi ces produits si attirants ont-ils autant de détracteurs ? Prenons l'exemple du moustique OX5034. Comme tout bon agent secret, il a la fâcheuse habitude de survivre et ne recule devant aucun obstacle pour mener à bien ses missions. Et tant pis si ses gênes modifiés se transmettent à d’autres espèces animales et notamment les pollinisateurs, les abeilles sauvages ou domestiques, essentielles à la biodiversité et à la production agricole. Tant pis, si en éliminant les moustiques femelles, il bouleverse la chaîne alimentaire des grenouilles, des oiseaux, des chauves-souris. D’ailleurs, certains veulent déjà l’imiter en éliminant rats, cafards et toutes sortes d'espèces végétales envahissantes... Or, si les nouveaux OGM ouvrent la voie à un monde inconnu, ce que les scientifiques savent avec certitude, c’est qu’il est impossible d’agir sur un individu sans interagir sur l’ensemble du vivant.
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