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Dans la peau de l'info. Les musées et leurs œuvres, cibles des militants pour le climat

Tous les matins, Marie Dupin se glisse dans la peau d'une personnalité, d'un événement, d'un lieu ou d'un fait au cœur de l'actualité.

Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des militants pro-climat, mains collées au mur, après avoir lancé de la purée sur "Les Meules", tableau de Claude Monet, le 23 octobre 2022 au musée Barberini de Potsdam. (HANDOUT / LAST GENERATION VIA AFP)

Alors que les actions chocs de militants écologistes se multiplient en ciblant symboliquement des œuvres d'art, je suis un musée. Confronté à une menace toute relative ou tout au moins très symbolique de la part jeunes militants convaincus de faire partie de l’une des dernières générations à pouvoir vivre sur une planète vivable… si rien n’est fait. De drôles de terroristes non violents qui, ne sachant plus comment se faire entendre, prennent les armes : de la soupe à la tomate, de la purée et du gâteau au chocolat, des jeunes qui paient leur ticket d’entrée et n’abîment pas les œuvres auxquelles ils se collent avec un slogan : Just Stop Oil, arrêtez juste le pétrole. Des attentats avec attachement qui choquent et divisent jusqu’au sein des écologistes, parce qu’ils s’en prennent à des symboles, les Tournesols de Van Gogh ou les Meules de Monet… La conscience de la nature défigurée dont nous, les 55 000 musées du monde, nous regardons les images faire le tour du monde en quelques minutes.

De quoi nous interroger. Et pas seulement sur la mise en place de fouilles renforcées. Car au-delà du débat sur les modalités de l’action, la jeunesse militante nous renvoie, comme une mise en abîme, au rôle que nous avons en tant que musées pour éduquer le public aux défis du changement climatique.

Un changement auquel nous, musée, sommes aussi aussi confrontés. Alors que Strasbourg a décidé de nous fermer deux jours par semaine et pendant la pause déjeuner, pas question d’échapper aux mesures de sobriété… Installation de LED dans la nef du Musée d’Orsay, produits alimentaires locaux à la cantine du Louvre, réduction de moitié du parc automobile et interdiction des voyages aériens courts pour les employés de la Cité des sciences… Toute une palette de mesures aussi symboliques qu’anecdotiques au regard du principal défi que nous avons à relever.

Car si notre bilan carbone est mauvais, c’est d’abord notre public qui en est la cause. 99% de l’empreinte carbone du Louvre par exemple est directement liée aux déplacements de ses visiteurs. Déplacement des hommes, et des œuvres, venues du monde entier, soigneusement emballées dans des kilos de plastique pour des expositions temporaires. D’ailleurs, le musée Van Gogh préfère désormais proposer des reproductions de qualité plutôt que de faire voyager aller-retour ses tableaux.

Les transports, le carburant, le pétrole on y revient, au cœur des questions qui nous agitent. Car partager avec le plus grand nombre le langage universel de l’art, c’est notre raison d’exister et elle est aujourd’hui profondément remise en question, alors nous tentons de dessiner à gros trait notre avenir en noir et blanc, face à un climat qui change trop vite, avec une jeunesse paniquée quand elle n’est pas résignée en toile de fond.

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