Féminisme : un mouvement radical né en Corée du Sud, prônant une vie loin des hommes, fait des émules aux États-Unis

La Corée du Sud, où la condition des femmes est encore très dure, est en pleine guerre des sexes. Et le mouvement anti-hommes qui y a fait son apparition résonne aux États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Journée internationale de la femme dans le centre-ville de Séoul, le 8 mars 2024. (JUNG YEON-JE / AFP)

Un nouveau mouvement féministe est né en Corée du Sud, où les relations sont particulièrement tendues entre hommes et femmes depuis plusieurs années. Derrière ce mouvement intitulé 4B se croisent plusieurs courants féministes, qui ont en quelque sorte fusionné. Il y a notamment le courant féministe "Escape the corset" ("Échappez au corset"), qui invite les jeunes femmes à rejeter tous les codes physiques de la féminité traditionnelle, comme le fait de porter les cheveux longs ou de se maquiller.

Le mouvement 4B va plus loin puisqu’il refuse les relations avec les hommes. 4B est d’ailleurs l’abréviation de quatre mots coréens qui commencent tous par "Bi", c’est-à-dire "non" en coréen. "4B", c’est donc quatre "non" : non au mariage hétérosexuel, non aux relations sexuelles avec les hommes, non aux rendez-vous romantiques avec les hommes et non au devoir reproductif.

Ainsi, les membres du mouvement 4B rejettent tous les codes de la société traditionnelle et considèrent que le meilleur moyen d’éviter de tomber dans les pièges du patriarcat est de mener une vie loin des hommes.

Un pouvoir en guerre contre le féminisme

Ce n’est pas un hasard si ce mouvement est né en Corée du Sud, car la misogynie y est prédominante. En 2016, une étude du ministère de l’Égalité de genre en Corée du Sud avait révélé que le taux de violences conjugales y était de plus de 40%. En 2022, le président élu l’a été sur la base d’un programme ouvertement antiféministe, estimant que le féminisme est responsable du faible taux de natalité du pays.

Or, depuis l'élection de Donald Trump aux États-Unis mercredi 6 novembre, de nombreuses d'Américaines se mettent, elles aussi, à adhérer à ce mouvement. Ces derniers jours, "4B" est même devenu une des occurrences les plus recherchées sur Google aux États-Unis. Des vidéos parlant du mouvement ont été largement partagées sur TikTok et Facebook. Beaucoup d’images montrent des femmes en train de se raser la tête pour protester contre la victoire du milliardaire.

Aristophane, un féministe avant l'heure ou un misogyne supplémentaire ?

Les Américaines proposent de renommer le mouvement "Lysistrata", du nom d'une pièce de théâtre d’Aristophane, écrite au Ve siècle avant J.-C. Cette pièce met en scène une femme appelant les autres femmes à lancer une "grève de l’amour" pour forcer les hommes à cesser de se faire la guerre, entre Athènes et Sparte. L'auteur a d'ailleurs écrit plusieurs pièces, plus ou moins comiques, racontant des prises de pouvoir par les femmes. Selon certains analystes, ces histoires incarnent un rêve de bonheur communautaire ; à l'inverse, il s'agit pour d'autres d'une mise en garde du risque que les hommes encourent s'ils ne savent plus rétablir la paix.

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