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En direct de l'Europe. Faute de solidarité, l’UE mise sur l’Afrique pour gérer la crise migratoire.

Le sommet européen qui s'est tenu jeudi et vendredi à Bruxelles a fait le point sur la crise migratoire. Pas d'avancées, mais une confirmation: l'Afrique est désormais au coeur de la politique migratoire européenne. Faute de solidarité, les 28 préfèrent externaliser la gestion des flux migratoires notamment vers la Libye, et développer l'aide au continent africain.

Article rédigé par franceinfo, Anja Vogel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
180 migrants demandeurs d'asile ont été débarqués ce 21 octobre dans le Port du Pirée près d'Athènes en Grèce (YANNIS KOLESIDIS / MAXPPP)

La crise migratoire loin d’être réglée.

Malgré les accords conclus avec la Turquie et la Libye pour retenir les candidats à l’exil sur le continent africain, les digues menacent de céder à tout moment. D’autant plus que l’Union Européenne a décidé, ce vendredi, de couper une partie des fonds alloués à Ankara dans le cadre de sa procédure d’adhésion. Mais sur l’accueil et la gestion des migrants, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont obtenu aucune avancée.

C’était pourtant le premier point à l’ordre du jour du Conseil européen ce 19 octobre. Pour ne déboucher que sur un constat, sibyllin: "Globalement, les flux migratoires diminuent de manière sensible et le nombre de décès en mer a baissé. Mais, "à la lumière de l'accroissement récent des flux migratoires", il s’agit de "faire preuve de vigilance en ce qui concerne toutes les routes migratoires et d'être prêt à réagir à toute nouvelle évolution, de manière pragmatique, flexible et coordonnée". Notamment, en renforçant la présence de l’UE en Libye et en assurant "une nette intensification des retours par des accords et des arrangements de réadmission efficaces".

sous-traiter avec l'Afrique

Les 28 n’ont jamais réussi à s’accorder sur un minimum de solidarité commune, ni à l’égard des migrants, ni même entre Etats européens, ne serait-ce que pour soulager l’Italie et la Grèce. Les seuls points à faire consensus sont le contrôle renforcé des frontières de l’UE, l’accélération des retours des migrants non éligibles à l’asile, la coopération accrue avec les pays de transit, dont justement la Turquie et la Libye, et désormais aussi avec les pays d’origine. Les Européens préfèrent externaliser la gestion de la crise migratoire, en payant les pays africains pour qu’ils gardent les migrants chez eux.

Or, il y a bien plus de flux migratoires intra-africains que vers le continent européen: "Sur 10 personnes qui quittent leur pays, 9 restent en Afrique et une seule arrive en Europe", souligne l'eurodéputée socialiste italienne Cécile Kyenge. Ex-ministre de l’Intégration du gouvernement d’Enrico Letta, elle-même née au Zaïre, devenu République démocratique du Congo, elle appelle à travailler sur les causes profondes de ces déplacements. "Les migrants fuient la sécheresse, la famine, le terrorisme, l'instabilité politique, le chômage. La solution est en Afrique", insiste le président du Parlement européen, l’ancien vice-président de la Commission Antonio Tajani. A condition de leur permettre de retrouver un environnement viable.

Renforcer les relations politiques et économiques

D’où la volonté des Européens - déjà premiers contributeurs à la promotion du développement, de la stabilité et de la paix en Afrique- d’aller encore plus loin financièrement. Ils veulent renforcer les relations politiques et économiques et mettre l’accent sur l’investissement dans la jeunesse : 60 % de la population africaine a moins de 25 ans.

Ce seront précisément les priorités du cinquième sommet entre l'Union Africaine et l'UE qui se tiendra les 29 et 30 novembre à Abidjan, en Côte d'Ivoire.

En attendant, plusieurs pays dont la France ont décidé d’aller chercher sur place, au Niger ou au Tchad, des candidats à l’asile, présélectionnés par le HCR et assurés d’obtenir le statut. Quant aux "migrants économiques", qui ont réussi à arriver jusqu’en Europe au péril de leur vie, ils seront renvoyés chez eux d’autant plus vite, grâce à une coopération renforcée avec leurs pays d’origine.

Réformer le droit d’asile en Europe

 Les dirigeants européens en rediscuteront en décembre. Mais face à leur refus obstiné d’appliquer le principe de solidarité, les députés européens veulent à nouveau leur imposer des quotas de répartition sous la forme d’un mécanisme "obligatoire et permanent". Les pays qui ne les appliqueraient pas seraient privés de certains fonds européens, et les demandeurs d’asile qui n’accepteraient pas leur "relocalisation" dans un autre Etat membre, seraient privés de leur possibilité d’obtenir l’asile.

Un mécanisme qui a peu de chances d’être accepté par les Etats, encore marqués par les désaccords sur le Plan arrivé à échéance fin septembre. Le programme, qui prévoyait initialement la répartition de 160.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie et la Grèce, n’a permis de relocaliser qu’environ 30.000 personnes.

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