En direct de l'Europe. IVG et contraception: les droits des femmes régressent en Europe
En cette journée internationale des droits de l'homme, coup de projecteur sur les droits sexuels et reproductifs des femmes, bafoués dans de nombreux États membres du Conseil de l'Europe.
Les droits des femmes en matière d'IVG et de contraception sont bafoués dans certains états européens. Dans son rapport publié cette semaine, le Commissaire aux droits de l'homme, Nils Muiznieks, alerte même sur une régression dans une quinzaine de pays.
"La santé et les droits sexuels et reproductifs des femmes sont des droits humains"
Il semble aujourd'hui urgent de rappeler les États membres du Conseil de l'Europe au respect de leurs engagements. Le rapport que Nils Muiznieks, Commissaire aux droits de l'homme de l'organisation paneuropéenne, consacré à ces questions, note "des restrictions rétrogrades", des "menaces résurgentes" qui ont émergé en Europe ces dernières années.
Huit états interdisent toujours l'IVG
"Dans certains pays, les lois et les politiques menées violent, limitent ou mettent en cause les droits des femmes à exercer leur vie sexuelle et reproductive sans mettre en péril leur santé". Si 4/5e des 47 États ont légalisé l'interruption volontaire de grossesse, dont 36 sans restrictions quant aux raisons invoquées par la femme, huit l'interdisent toujours, sauf circonstances exceptionnelles telles que la mise en danger de la vie de la mère : Andorre, l'Irlande, le Liechtenstein, Malte, Monaco, l'Irlande du Nord, la Pologne et Saint-Marin. "Les conséquences de ces lois sur la santé et les droits de l'homme sont graves", souligne Nils Muiznieks.
Avec des peines de prison pour les femmes hors la loi
Sans compter que dans la plupart de ces juridictions, des peines de prison sont prévues pour les femmes ne respectant pas la loi... jusqu'à la perpétuité en Irlande du Nord. Et que "même dans les pays où la loi est moins restrictive, les femmes doivent parfois faire face à des obstacles importants". Ainsi en Italie, sept professionnels de santé sur dix refusent d'autoriser un avortement, invoquant une clause de conscience, souvent au nom de la religion ou de la morale. En Turquie, une femme mariée doit obtenir le consentement de son époux pour avorter.
Mais ce qui inquiète encore davantage l'ancien ministre letton à l'Intégration, c'est "la tendance préoccupante dans l'ensemble de l'Europe et plus particulièrement dans certains pays à revenir en arrière sur les garanties obtenues par les femmes, notamment en introduisant des restrictions aux droits à l'avortement et à la contraception".
L'Arménie, la Géorgie, la Macédoine, la Russie et la Slovaquie ont ainsi adopté récemment "des mesures renforçant les critères à remplir". En Pologne, "une loi a réintroduit l'obligation d'obtenir une prescription médicale pour accéder à un moyen de contraception d'urgence".
54 recommandations adressées aux États membres
Le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe adresse 54 recommandations à ses Etats membres pour les aider à remplir leurs obligations et à répondre à "la nécessité urgente". Parmi elles : le fait d'assurer à toutes les femmes l'accès à un avortement légal et sûr, à une éducation sexuelle complète, de veiller au respect du consentement et des décisions éclairés, et de leur garantir l'accès à des recours effectifs contre les atteintes à leurs droits sexuels et reproductifs.
Les droits sexuels et reproductifs protègent quelques-uns des aspects les plus importants et les plus intimes de nos vies
Et Nils Muiznieks ajoute et rappelle : "Etant donné la résurgence des tendances qui cherchent à remettre en question les protections acquises dans ce domaine, nous devons veiller à rester attachés à ces droits, établis au terme d'un long combat".
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