Cet article date de plus de neuf ans.

L'Europe tente de s'opposer à la toute-puissance étasunienne

Les dernières révélations sur l'espionnage des présidents français par la NSA ont contribué à crisper encore davantage les relations entre les Américains et les Européens, qui critiquent les pratiques illégales au nom de la lutte contre le terrorisme, comme les écoutes, les enlèvements opérés par la CIA en Europe, Guantánamo et les menaces qui pèsent sur les lanceurs d'alerte comme Edward Snowden.
Article rédigé par Anja Vogel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Edward Snowden en vidéoconférence aves les parlementaires du Conseil de l'Europe à Strasbourg © maxppp)

Les nouvelles informations de Wikileaks sur l'espionnage des trois derniers présidents français François Hollande, Nicolas Sarkozy et Jacques Chirac n'ont fait que confirmer les révélations d'Edward Snowden sur le scandale des écoutes de grande ampleur menées par la National Security Agency, depuis les attentats du 11 septembre 2001. Y compris sur la chancelière allemande Angela Merkel. Mais l'ancien consultant de la NSA vit toujours réfugié en Russie.

Le même jour, la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg examinait la plainte de l'imam Abour Omar, enlevé par la CIA en Italie parce qu'il était soupçonné de liens avec le terrorisme. L'Italie a été le premier pays en Europe à organiser un procès concernant ces transfèrements secrets vers des pays connus pour pratiquer la torture, ou vers Guantánamo. 22 agents de la CIA et un officier des forces armées avaient été condamnés, tous Américains: ils n'ont jamais purgé leur peine et l'Italie n'a jamais demandé leur extradition. La Macédoine a été sanctionnée fin 2012 à Strasbourg pour sa responsabilité dans le calvaire de Khaled el-Masri, un Allemand d'origine libanaise arrêté en Macédoine puis puis torturé et drogué en Afghanistan. La Pologne a été condamnée pour complicité dans les tortures subies sur son territoire par un Palestinien et un Saoudien avant leur transfert à Guantánamo.

Fermer Guantanamo

Pour l'eurodéputée Rachida Dati, du Parti populaire européen, c'est une nécessité. Pas seulement parce qu'il s'agit d'une promesse de Barack Obama. Mais parce qu'à l'image du Patriot Act, le camp de détention, installé sur une ancienne base navale américaine au sud-est de Cuba est au service d'un système d'exception dans lequel des personnes sont retenues en toute illégalité, pour certaines depuis près de 14 ans, puisque aucune charge juridique n'a été retenue contre elles. Une seule a été condamnée, rappelle l'eurodéputée, qui s'est rendue sur place. Pour elle, le risque est grand de voir ces détenus se radicaliser "par haine, pas par idéologie ". A ses yeux, Guantánamo attise le risque terroriste, car il constitue un argument pour le recrutement de djihadistes dans de nombreux pays.

Et de mettre en garde, au lendemain de la nouvelle série d'attentats en Isère, en Tunisie et au Koweit: La lutte disproportionnée et extrajudiciaire contre le terrorisme est une bombe à retardement contre la démocratie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.