À Gaza, la plus célèbre librairie de l'enclave palestinienne rouvre ses portes
La librairie Samir Mansour, qui édite également des livres, avait été détruite par un bombardement israélien lors du conflit de mai dernier.
Les derniers coups de perceuses, de marteau et de balai ont été donnés avant l'inauguration. Bientôt, le rideau de fer se lèvera à nouveau. Et le public pourra découvrir un bâtiment splendide, tout en marbre et métal noir avec des étagères de bois blond ou brun. "C’est la plus grande librairie de Palestine... Pas seulement de Gaza mais de toute la Palestine ! Elle est trois fois plus grande que celle qui avait été bombardée", précise fièrement Mohamad Samir Mansour, le fils du propriétaire.
Il s’est jeté à corps perdu dans l’aventure après la guerre en mai dernier : "Oui, c’est difficile, c’est lourd quand on y repense... C'est arrivé et c’est passé, Dieu merci. Malgré la destruction, on n’a jamais arrêté. Depuis juillet 2021, on a publié presque 70 nouveaux livres : des romans, des essais, de la poésie, des manuels de management et bien d’autres encore !"
Nida Haoucha, maîtresse de conférence à l’université toute proche attendait la réouverture avec impatience. La semaine passée, elle est même venue trop tôt, trop pressée de retrouver un commerce conforme à ses idéaux de vie : "Je fais de mon mieux pour que mes enfants lisent des livres imprimés. Quand nous étions jeunes, nous étions habitués à lire des livres mais aujourd’hui, la technologie a affecté les nouvelles générations. Donc à la maison, j’ai créé un espace bibliothèque pour mes enfants, même s’ils peuvent trouver tout ce qu’ils veulent sur internet."
"Lire fortifie notre pensée et notre raison"
Pour les Gazaouis, cette librairie est en effet bien davantage qu'une simple boutique de livres : à quelques dizaines de mètres de l’ancienne librairie détruite, où ne subsiste qu’un cratère, le nouveau lieu se voit comme un espace de détente et d’oubli, trois étages de calme dans cette enclave bruyante et polluée.
"La destruction de notre librairie ne nous a pas conduits à l’échec ou au désespoir. Nous avons poursuivi notre aventure et notre travail pour continuer à cultiver et à éveiller les gens de Gaza, dit Mohamad Samir Mansour. Nous les avons cultivés en publiant des livres de différents pays, de différents éditeurs du monde entier. Lire fortifie notre pensée et notre raison."
Les livres les plus vendus sont les romans palestiniens et américains, les livres de développement personnel, les livres pour enfants et le Coran. Un recueil de témoignages de rescapés de la Shoah figure aussi en bonne place dans cet endroit décidément à part.
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