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Au Brésil, jamais une campagne présidentielle n'avait été aussi violente

Le candidat d'extrême droite à la présidentielle brésilienne a été poignardé jeudi lors d'un bain de foule. Un nouvel épisode de violence dans une campagne qui n'a jamais été si agressive. 

Article rédigé par franceinfo, Anne Vigna
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jair Bolsonaro, le candidat d'extrême droite poignardé lors d'un bain de foule, avait appelé à mitrailler les militants du parti des travailleurs. (MAURO PIMENTEL / AFP)

Au Brésil, à un mois jour pour jour de l'élection présidentielle, le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a été attaqué au couteau alors qu’il était en meeting dans une ville de l’État du Minas Gerais au nord de Rio, jeudi 6 septembre. Transporté d’urgence à l’hôpital, il a du être opéré, ses intestins auraient été atteints. L’attaque montre une nouvelle fois la violence inédite de cette campagne.

Poignardé au milieu de la foule

Il existe plusieurs vidéos qui montrent le moment précis de l’attaque. Jair Bolsonaro était dans une rue du centre de Juiz de Fora, une ville moyenne du Minas Gerais. Il avançait porté sur les épaules de ses militants, en saluant la foule quand il a été poignardé. Le coupable a été immédiatement arrêté par le service d’ordre du candidat. Il s’agit d’un homme de 40 ans qui aurait agit seul, selon la police.

Tous les candidats à la présidentielle ont condamné cet attentat et la violence, tout en répudiant également l’incitation à la violence, et là, le message était justement pour Bolsonaro. La semaine dernière, en campagne dans le nord du pays, Bolsonaro a appelé à mitrailler les militants du parti des travailleurs. Il a saisi le trépied de caméra d’un journaliste pour faire le geste de mitrailler. Le parti des travailleurs a protesté devant le tribunal électoral, demandant aux juges de se prononcer pour empêcher le candidat de dire de tels propos. Le point fort du programme de Bolsonaro est justement de permettre le port d’armes. Bolsonaro est coutumier des provocations, il fait régulièrement le geste de tirer contre ceux qui s’opposent à lui, en particulier contre les militants de gauche.

Montée de la violence depuis 2016

Ce n’est pas le premier incident violent de cette campagne. Au mois de février, quand l’ancien président Lula était déjà en campagne dans le sud du pays, sa caravane avait essuyé trois tirs qui n’avaient pas fait de blessés. Le geste était déjà inédit. En 50 ans de vie politique, Lula a fait de nombreuses tournées dans le pays, sans jamais avoir de problèmes. Cette fois, des opposants sont parvenus à empêcher certains de ses meetings. Des militants d’un autre parti de gauche, le PSOL, ont été récemment agressés en meeting. C’est la première fois que le Brésil vit cela.

Le pays a un indice de violence très haut, mais pas de violence politique comme on le voit au Mexique ou en Colombie. Les politologues estiment que ces évènements s’expliquent par la forte polarisation que connaît le Brésil depuis la destitution controversée de la présidente Dilma Rousseff en 2016. Elle avait elle-même été très attaquée, notamment par Bolsonaro qui avait rendu hommage au militaire qui a torturé la présidente pendant la dictature. Depuis, la violence n’est allée que crescendo.

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