Au Brésil, le gouvernement Bolsonaro tente d'effacer des personnalités noires de l'histoire du pays
Des biographies de personnalités brésiliennes noires ont été effacées sur le site de la fondation Palmares, une organisation qui défend les droits des Noirs au Brésil depuis plus de 30 ans.
Des biographies de personnalités brésiliennes noires ont été censurées de manière systématique sur le site de la fondation Palmares, à Brasilia (Brésil). Un geste symbolique : cette fondation a été créée il y a une trentaine d'années pour défendre la mémoire et valoriser l'héritage culturel noir au Brésil.
L'article sur Zumbi dos Palmares, qui a donné son nom à l'institution, a notamment été supprimé. Zumbi, leader noir du 17e siècle, a dirigé la plus grande communauté d'esclaves insoumis. C'est une figure centrale au Brésil : l'anniversaire de sa mort est devenu le jour de la conscience noire. C'est une des cibles préférées du président de la fondation Palmares : la statue de Zumbi qui trônait à l'entrée de l'institution a été déboulonnée.
L'esclavage, "bénéfique" pour les descendants d'esclaves
Ce n'est pas la première initiative du genre. La fondation Palmares est dirigée par un ancien journaliste, Sergio Camargo. Il a été nommé par le secrétaire d’État à la Culture du gouvernement Bolsonaro, en novembre 2019. Sa nomination avait suscité de vives réactions. Sergio Camargo est Noir mais il déteste les militants du mouvement noir. Début juin, après avoir perdu un téléphone, il a été enregistré à son insu alors qu'il exprimait toute sa rancœur : "Qui peut avoir fait ça ? Ils ont du entrer avec l'aide de fonctionnaires d'ici. C'est le mouvement noir, ces moins que rien du mouvement noir. Cette engeance maudite."
Il n'en est pas à son coup d'essai, il a par exemple déjà déclaré que l'esclavage avait été bénéfique pour les descendants d'esclaves. Sergio Camargo est allé si loin que sa nomination a d'abord été bloquée par une première décision de justice fin 2019. Il a ensuite pu prendre ses fonctions en début d'année, mais une nouvelle enquête est en cours pour déterminer si ses actions sont compatibles avec son poste.
Une stratégie de Jair Bolsonaro
Pourquoi avoir nommé cet homme ? C'est une personnalité qui détonne et attire l'attention en créant la polémique, et c'est exactement ce que recherche Jair Bolsonaro qui a besoin de conflit pour exister politiquement. Il n'en est d'ailleurs pas à sa première nomination du genre : Roberto Alvim, secrétaire à la culture, est allé jusqu'à prononcer un discours directement inspiré de propos du chef de la propagande nazie, Joseph Goebbels. Il a dépassé les limites et a été limogé. Mais cela fait partie de la stratégie du président qui est persuadé d'être au milieu d'une guerre culturelle.
Jair Bolsonaro fait partie de la ligne dure des nostalgiques de la dictature pour qui, le régime est tombé parce qu’il n’a pas été capable de mener cette guerre culturelle. Et puis, créer la polémique est aussi un moyen très efficace de mobiliser facilement sa base électorale la plus radicale alors que le président est de plus en plus isolé.
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