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Au Chili, les promoteurs immobiliers accusés d'être responsables des gigantesques incendies qui ravagent le pays

En pleine saison estivale, les températures très élevées et la sécheresse provoquent quotidiennement d'importants feux. Mais pour une partie de la population ces catastrophes sont aussi dues à la pression immobilière exercée sur les zones naturelles. Le gouvernement a décidé de légiférer.
Article rédigé par franceinfo - Naïla Derroisné
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des habitations détruites par un incendie à Vina del Mar, dans la région de Vaparaiso (Chili), le 23 décembre 2022. (JAVIER TORRES / AFP)

Au Chili, c’est en ce moment l’été et il ne se passe pas une journée sans qu’un incendie ne se déclare. Avant même le début du mois de février, il y a déjà 25 % d’incendies en plus par rapport à l’année dernière à la même période. Les fortes températures et l’intense sécheresse y sont pour quelque chose, mais une partie de l’opinion soupçonne aussi le secteur immobilier de provoquer ces feux.

Ces accusations ont refait surface il y a quelques semaines quand un méga feu a embrasé la ville de Viña del Mar. Deux personnes sont mortes, plus de 300 habitations ont brûlées et des dizaines d’hectares sont parties en fumée dans le parc naturel Kan-Kan. "Ici, il y a des intérêts immobiliers et en termes d’urbanisme aussi. Sur d’autres collines du secteur, il y a eu des incendies et deux-trois ans après des immeubles y étaient construits, déplore Pascual Flores, directeur de la fondation Kan-Kan chargée de préserver les écosystèmes du parc. Même le gouverneur de la région de Valparaiso, Rodrigo Mundaca, un fervent défenseur de l'environnement, pointe du doigt la pression exercée par les sociétés immobilières juste après qu'un incendie ait eu lieu. 

Une loi pour protéger les terrains incendiés

Reste qu'il n'y a pas de preuves confirmant ces soupçons. Il n’est pas toujours facile de trouver l’origine d’un incendie et s’il a été provoqué volontairement, c’est encore plus dur de trouver qui en est l’auteur. Mais des études ont montré qu’à plusieurs reprises, et dans le centre du pays surtout, des projets immobiliers ont été lancés sur des terrains incendiés très peu de temps après le sinistre. Les professionnels de l’immobilier affirment que ces accusations sont infondées. La chambre chilienne de la construction les réfute et demande à ce que des enquêtes soient menées pour trouver les responsables de ces incendies, mais aussi que la prévention contre les feux de forêts soit renforcée. 

De son côté, le gouvernement met toujours plus de moyens dans la lutte contre les incendies. Mais surtout, il a demandé à ce qu’un projet de loi inscrit à l'agenda du Parlement soit examiné en priorité. Le texte vise à protéger les terrains incendiés du secteur immobilier, en interdisant quiconque d’y construire pendant au moins 30 ans afin d'éviter que le statut du terrain soit changé. Actuellement, une forêt primaire qui a brûlé peut se transformer en une zone apte à la construction. Ce qui sera plus difficile à faire avec la nouvelle loi puisqu’en 30 ans, les écosystèmes auront le temps de se reconstituer.

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