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Au Mexique, la construction d’une gigantesque raffinerie de pétrole cristallise les inquiétudes

Depuis six mois au pouvoir, le gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador mise sur la relance de l’industrie pétrolière mexicaine, à contre-courant de la lutte contre le réchauffement climatique, avec notamment la construction d’une gigantesque raffinerie de pétrole.

Article rédigé par franceinfo - Emilie Barraza
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Vue aérienne de d'un complexe pétrolier de Pemex, à Azcapotzalco, au Mexique, le 4 février 2019. (PEDRO PARDO / AFP)

Six mois après son accès au pouvoir au Mexique, le gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador a entrepris de nombreuses réformes, notamment en matière de lutte contre le narcotrafic et de réduction des inégalités. Plus controversée, sa politique énergétique, elle, surprend, tant elle est à contre-courant de la lutte contre le réchauffement climatique, le président misant tout sur la relance de l’industrie pétrolière nationale.

Huit milliards de dollars financés par le gouvernement

La construction d’une gigantesque raffinerie de pétrole cristallise à cet égard particulièrement les inquiétudes. La raffinerie du port de Dos Bocas, dans l’Etat de Tabasco, serait en effet la plus grande raffinerie jamais construite dans le pays. Beaucoup critiquent le projet car la construction de ce complexe industriel gigantesque coûtera huit milliards de dollars que le gouvernement financera. Autre inquiétude : Pemec, l’entreprise pétrolière publique, sera en charge de la construction de cette raffinerie. Or l’entreprise n’a aucune expertise en la matière, et ne construit plus de raffineries depuis 40 ans. La facture pourrait donc exploser.

D’autant que Pemex, à la dérive, est déjà endettée : sa dette estimée à 107 milliards de dollars fait d’elle l’entreprise pétrolière la plus endettée au monde. En fait, elle a toujours été la vache à lait de l’Etat mexicain, qui a dilapidé cette manne pétrolière sans jamais investir dans sa modernisation, sans oublier la corruption et l’épuisement des champs pétrolier. Ce fleuron qui faisait la fierté du pays est ainsi maintenant au bord de la faillite et Lopez Obrador n’a qu’une idée en tête : relancer l’industrie pétrolière nationale.

Le sauvetage de Pemex inquiète les spécialistes

Cette politique pourrait coûter très cher à l’Etat mexicain : le sauvetage de Pemex inquiète les spécialistes. Car si Lopez Obrador compte réduire ses charges fiscales et réinjecter un milliard de dollars dans l’entreprise, les spécialistes estiment que c’est insuffisant. Récemment, les agences de notation ont dégradé la note de Pemex à Triple B Négatif : l’entreprise publique est à un doigt d’entrer dans la catégorie des investissements spéculatifs…

Et, surtout, ce n’est pas une politique très verte. López Obrador n’a jamais été connu pour ses prises de position en faveur de la lutte contre le changement climatique. Le président trouve inconcevable que le Mexique, qui est un grand producteur de pétrole, soit obligé d’importer 70% de sa consommation de carburant. Lopez Obrador y voit une question "de sécurité nationale" : le pays doit être autosuffisant en énergie, mais beaucoup s’inquiètent au Mexique de voir les énergies vertes et la transition énergétique complètement oubliées par le gouvernement.

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