Au Mexique, le projet présidentiel de "train maya" sur la voie de la polémique
Le train destiné à relier les sites du touristiques du sud du Mexique inquiète les défenseurs de l'environnement.
Le projet phare du président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador va être bientôt mis sur les rails : un train pour permettre aux touristes de parcourir les sites incontournables. Le gouvernement s'apprête à lancer les premiers appels d’offre pour entamer ce gigantesque chantier prévu sur quatre ans.
Une promesse présidentielle au sud du pays
La région a été longtemps abandonnée, d’après le président mexicain élu en juillet 2018, lui-même originaire du Tabasco, l’un des cinq États qui sera traversé par le "train maya". Ce mégaprojet, avec un investissement de sept milliards d’euros, devrait donner une nouvelle impulsion au tourisme : un train à vitesse moyenne, 160 km/h, voué à desservir, au plus, 15 gares réparties sur 1 500 kilomètres de voies. Il reliera les principaux sites archéologiques de la péninsule du Yucatán et du Chiapas, comme Chichen Itza, Tulum et Palenque pour ne citer que les plus connus. Certaines voies existent déjà, mais il reste environ 500 kilomètres à construire, afin de transporter 8 000 touristes par jour, en plus des passagers locaux.
Des réticences, notamment pour l'environnement
C’est une dimension minimisée jusqu’à présent par le gouvernement. Le président a affirmé que pas un seul arbre ne serait abattu pour construire le "train maya", ce qui semble improbable puisque la péninsule du Yucatán est presque entièrement recouverte d’une végétation tropicale très dense, sans parler des forêts du Chiapas. Les scientifiques évoquent une menace pour la biodiversité, et notamment pour l’immense population de jaguars du Yucatán. Les experts réclament aussi des études pour vérifier l’impact des vibrations du train sur le sous-sol. La péninsule du Yucatán est traversée par un système aquifère sous-terrain, tout un réseau de grottes et de cénotes, qui serait menacé d’éboulements avec le passage d’un train.
Le gouvernement cherche l’aval des communautés
C’est l’un des engagements pris avant la construction : demander l’accord des communautés indiennes, notamment les Mayas, qui vivent sur le tracé du futur train. Pour ce faire, le gouvernement va organiser plusieurs consultations publiques. Le discours officiel vante la prospérité amenée par le train, mais certaines communautés indiennes sont sceptiques quant aux retombées positives. Plus globalement, au Mexique, il existe un questionnement récurrent sur les mégaprojets, notamment miniers ou énergétiques, qui affectent les populations autochtones. Et plusieurs leaders de communautés indiennes et défenseurs de l’environnement ont été assassinés récemment, après s’être opposés à des projets de ce type.
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